Mercredi 11 février 2009 (ZENIT.org) – Il y a 80 ans, jour pour jour, sous le pontificat de Pie XI, les Pactes du Latran sanctionnaient la constitution de l’Etat de la Cité du Vatican. Il y a 70 ans, Pie XI s’éteignait.
A l’occasion de l’anniversaire des Pactes du Latran, qui fera l’objet d’un congrès (cf. Zenit du 30 janvier 2009 ), L’Osservatore Romano en français du 10 février 2009 a publié cette réflexion de Giovanni Maria Vian, directeur de L’OR, sur la figure de Pie XI.
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Il fait état d’une rumeur infondée sur la mort du pape Pie XI : « C’est dans ce contexte que s’explique la légende selon laquelle le chef du fascisme aurait réussi à faire assassiner le pape, malade désormais depuis de nombreux mois ».
Il rappelle qu’en 1959, Jean XXIII « démolit les fondements de ces interprétations romanesques (mais apparues parfois dans l’historiographie), récurrentes et privées de fondements, comme la présumée volonté du pape de dénoncer le Concordat avec l’Italie ou comme l’opposition entre Pie XI et son secrétaire d’Etat, Eugenio Pacelli, qui devait lui succéder sous le nom de Pie XII ».
Achille Ratti, rappelle l’auteur, avait été ordonné prêtre en 1879 à Rome : « grâce à une solide formation intellectuelle et à un sens pratique dynamique, il dirigea successivement et de façon éminente deux des plus grandes institutions culturelles du monde, les bibliothèques ambrosienne » (à Milan) et vaticane.
En 1918 il devint représentant pontifical à Varsovie, et nonce l’année suivante : une mission diplomatique très délicate « entre la guerre et les nationalismes, aux frontières du bouleversement bolchevique ».
Cardinal en 1921, il ne fut archevêque de Milan pendant quelques mois. Sa devise ne dit-elle pas : « raptim transit ! » En effet, il fut élu, le 6 février 1922, pour succéder au pape Benoît XV.
Pour G. M. Vian, ce fut « l’un des pontificats les plus difficiles du XXe siècle », car il dut faire face « aux totalitarismes européens naissants (communisme, fascisme, nazisme) », mais aussi au « nouvel antisémitisme », à « la grande crise économique », à la « tragédie de la guerre d’Espagne » et aux « autres persécutions contre les chrétiens, de la Russie soviétique au Mexique ».
Le pape Ratti fit preuve « d’un réalisme courageux, difficile et nécessaire », et son pontificat marqué par « une vaste politique concordataire » a été soutenu « par deux grands secrétaires d’Etat comme Pietro Gasparri et, à partir de 1930, Pacelli ».
M. Vian explique la façon dont le pape Pie XI a répondu à ces multiples défis. « A la propagande des régimes totalitaires et du paganisme moderne, Pie XI réagit : en gouvernant l’Eglise avec vigueur, en portant un regard nouveau sur les missions et sur l’enracinement catholique hors des frontières de l’Europe, en affrontant le premier la question de la sexualité humaine, en renforçant l’engagement et la culture des catholiques ».
Une réponse également spirituelle, « en multipliant les béatifications, les canonisations (entre autres, de Thérèse de Lisieux, don Bosco et Thomas More), les dévotions, les jubilés, les célébrations ».
Et médiatique : « En introduisant l’utilisation de la radio qui, pour la première fois, permit au souverain pontife de faire entendre sa voix dans le monde entier ».
M. Vian souligne que la bénédiction Urbi et Orbi de la loggia de Saint-Pierre, est un geste que Pie XI a été le premier à reprendre : « Depuis le début du pontificat, en se présentant pour la bénédiction à la ville et au monde de la loggia de Saint-Pierre, pour la première fois après de nombreuses décennies, Pie XI fit comprendre qu’il serait le Pape de la Conciliation ».
Le mot est lâché : il a donné son nom à la rue ouverte sous Mussolini entre le Tibre et la place Saint-Pierre la « Via della Conciliazione ».
Cette « conciliation » « arriva avec les Accords du Latran » et fut accueillie positivement : ils furent en effet « immédiatement salués avec des accents de joie par Angelo Giuseppe Roncalli (futur Pape Jean XXIII), avec un réalisme clairvoyant par Alcide De Gasperi, bien que sortant de nombreux mois de prison en raison de son opposition politique au fascisme, et avec une certaine amertume par Giovanni Battista Montini, qui devait modifier de façon positive son jugement déjà en tant que cardinal, puis lorsqu’il devint pape sous le nom de Paul VI ».
On se rappelle que depuis l’unité italienne de 1870 et l’invasion des Etats pontificaux, le pape était en quelque sorte prisonnier dans ses murs et ses Etats avaient été confisqués. La « question » dite « romaine » n’était pas résolue, depuis presque 60 ans. Les Accords du Latran mettent un terme à la situation en inventant une solution inédite.
« Avec le Traité, le Concordat et la Convention financière entre l’Italie et le Saint-Siège, fut ainsi résolue la question romaine et naissait l’Etat du Vatican, base territoriale presque symbolique et pourtant réelle de l’indépendance du Saint-Siège », fait observer G. M. Vian.
Il y eut des « crises » et des « tensions » surtout à deux reprises : « dès 1931, en raison de l’offensive fasciste contre les organisations catholiques » et « en 1938 en raison des lois raciales ».
Mais la « paix religieuse » était consolidée et reconnue en 1947 par la l’Assemblée constituante, « qui inscrivit, avec une majorité beaucoup plus grande que nécessaire, les Accords du Latran dans la Constitution de la République italienne ».
Le directeur de L’Ossevatore Romano salue une « entente positive entre Etat et Eglise », et même « solide précisément parce qu’elle est enracinée dans l’histoire italienne, qu’elle vise au bien de tous et qu’elle touche la dignité de toute personne humaine ».
Il parle même de « volonté commune d’amitié », pour preuve l’accord de révision de 1984 et les relations entre l’Italie et le Saint-Siège sont même « si bonnes qu’elles peuvent être considérées comme exemplaires ».
« Grâce à l’effort commun et à la collaboration de nombreuses personnes, croyantes et non-croyantes. Et sans aucun doute, à l’origine, grâce au courage clairvoyant de Pie XI », conclut G. M. Vian.
Source : zenit.org