Les Actes des Apôtres rendent comptent de la mission de Paul et de Barnabé à Antioche de Pisidie. Cette prédication fut un succès, puisque toute la ville « se rassembla pour entendre la Parole du Seigneur » ! La conséquence fut aussi que les Juifs, en voyant les foules « s’enflammèrent de jalousie, ils contredisaient les paroles de Paul et l’injuriaient ».
Cet épisode est saisissant. Les opposants de Paul et Barnabé ne sont préoccupé ni par la justice, ni par la vérité. Ce qui les conduits, c’est la jalousie qui les amènent à l’injure. L’injure, la calomnie, le dénigrement, la ridiculisation, la stygmatisation, la caricature sont les armes des faibles ! Et cependant, ces armes peuvent faire du mal, beaucoup de mal. Le moindre de ces maux n’étant pas le fait d’être tenté de répondre alors par les mêmes armes ! Lorsqu’il n’y a plus d’argument, lorsque l’on perd pied, lorsqu’on se rend compte qu’on a tort, mais que l’on veut avoir le dernier mot, cette arme veule de l’injure et de la calomnie peut être une tentation. Mais ce faisant, nous trahissons la justice et la vérité. Ces armes ne dévoilent que la faiblesse de ceux qui les utilisent.
Cependant, elles font du mal, et il n’est pas toujours aisé de trouver la bonne réponse à de telles attaques. Ce qui me marque dans l’épisode des Actes des Apôtres, c’est que Paul et Barnabé ne cherchent ni à se justifier face aux injures, ni à répondre aux attaques, ni à se défendre eux-mêmes, qui sont les premiers visés. Ils ne tombent pas dans le piège qui leur est tendu. Ils étaient là pour annoncer le Salut et la vie éternelle aux juifs, à leurs compatriotes, et l’adversité et l’opposition les conduisent à aller de l’avant, à approfondir leur message et leur annonce. Puisqu’ils n’en veulent pas, ils annonceront le Salut aux païens, c’est-à-dire à ceux qui n’ont pas la foi juive. Loin de se laisser enfermer, ils ouvrent plus largement encore leur cœur et leur annonce.
Face à l’adversité, nous pourrions être tentés de nous défendre ou de nous justifier nous-mêmes, Paul et Barnabé nous encouragent par leur exemple à aller plus loin, avec générosité. Il ne s’agit pas de défendre la Vérité, mais de la connaître, de l’aimer toujours plus, de l’annoncer avec toujours plus de courage et d’audace.
abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades