L’affaire de la croix de Ploermel a eu le mérite de déclencher une vive réaction de la part des catholiques et de nombreux Français athées mais attachés à l’identité historique de leur pays. Le succès du #MontreTaCroix est un témoin enthousiasmant tout autant du dynamisme chrétien en France que de l’attachement des Français à leur patrimoine, quoiqu’en disent les élites plus enclines à formater qu’à informer. Toutefois, à y regarder de plus près, le problème n’est pas tant dans la décision prise par le Conseil d’Etat que dans la loi qui a permis une telle décision. Selon l’article 28 de la loi de 1905, il est “interdit, à l’avenir, d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l’exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires ainsi que des musées ou expositions.“
Le but de cette loi est “d’assurer la neutralité des personnes publiques à l’égard des cultes“, rappelle le Conseil d’Etat. Un tel article est-il bien à propos ? La question se pose tant du point de vue du contexte d’élaboration de la loi que de la philosophie qui la sous-tend. Et l’élasticité d’interprétation ne peut manquer de laisser perplexe quand on interdit une croix, mais pas l’effigie d’un pape. Si la loi de 1905 soulage grandement les affaires financières de l’Eglise, il faut rappeler aussi que la laïcité est censée également protéger l’Eglise des ingérences de l’Etat qui en matière de culte a toujours eu tendance à vouloir les contrôler. Il est clair que cette loi, fortement idéologique et circonstanciée ne met pas à l’abri l’Eglise et les catholiques des totalitarismes de tous bords. La vague anticléricale revigorée ces dernières années le montrent suffisamment. Les chrétiens sont finalement les rares Français à vouloir une laïcité authentique. Les réactionnaires de gauche la travestissent en anticléricalisme, l’Islam est par nature non laïque quand la plupart des athées s’en désintéressent, préférant la liberté de pensée, à la laïcité que souvent ils comprennent mal.
#MontreTaCroix, est une réaction identitaire et existentielle à ce qui est perçu comme une injustice. C’est une réaction de survie de la part d’une population qui se sent de plus en plus poussée vers la sortie, mais dont la culture prête davantage à brandir la croix qu’à poser des bombes. Comme les musulmanes ont massivement ressorti le voile présenté comme identitaire, les catholiques réagissent à une autre forme de stigmatisation. Espérons que la Croix reste le signe du Salut et ne soit pas noyée par la surenchère communautariste qui en divisant pour régner a déjà fait exploser l’Occident. Rappelons que si les chrétiens sont minoritaires aujourd’hui, ils ne peuvent s’enfermer dans le pré carré d’une minorité. Ils sont, par leur baptême, missionnaires. Finalement nous sommes appelés à passer de #MontreTaCroix à la #CroixPourTous.
Cyril Brun, Rédacteur en chef