C’est le temps des vœux que l’usage permet de présenter jusqu’au 31 janvier. Vous en avez reçus, vous en avez adressés et peut-être avez-vous, par habitude ou par réflexe, utilisé le fameux « Et surtout la santé » !
Pourquoi « surtout la santé » ? Pourquoi mettre en avant la santé plus qu’autre chose ? La fortune, la réussite (qui fait partie du wagon des vœux aussi) ne sont-ils pas aussi importants, ne sont-ils pas finalement aussi matériels ? Pourquoi ne pas mettre en exergue « Et surtout la joie », « Et surtout le bonheur », « Et surtout l’amour », « Et surtout la sainteté », « Et surtout le salut », « et surtout la paix » ? C’est qu’en fait, sans en avoir vraiment conscience, cette apostrophe contient toutes les autres.
Outre le réflexe d’une phrase convenue et passe partout, il y a bien une part de sincérité dans ce souhait. La santé est un bien précieux, il est tellement lié à la vie et à la personne elle-même que c’est probablement le vœu le plus existentiel et le plus intime. Souhaiter la santé c’est finalement vouloir du bien, un bien qu’on emporte partout avec soi, car la santé concernant le corps, on ne peut que partir en bonne ou en mauvaise santé où que nous allions. Derrière ce souhait, se trouve finalement l’expression même de la dignité humaine, à savoir l’intégrité physique, humaine et spirituelle de la personne pour qui nous formulons un tel vœu. Certes, bien souvent cela sous-entend avant tout l’absence de souffrance. En souhaitant une bonne santé, nous exprimons notre désir que l’autre ne souffre pas dans sa chair et dans son âme par une diminution de son intégrité et, par là, de son autonomie. En fait nous souhaitons que « tout aille bien ».
Nous oublions parfois que la santé est au carrefour même de ce que nous appelons « personne humaine intégrale ». La santé du corps est liée à celle de l’âme, comme nous le rappellent les somatisations diverses. La santé de l’esprit, sa paix, sont perturbées par un corps malade. Finalement la santé est l’équilibre même, le point nodal de la personne humaine, celui qui vérifie l’adéquation de notre être total au bonheur. Non pas un hédonisme jouissif qui voudrait expulser la souffrance de la réalité humaine, mais une paix témoin que le corps, l’âme et l’esprit sont accordés, sans tension.
Un corps ne peut être en bonne santé si son âme est malade. Il est plus facile à l’âme saine de trouver le repos dans un corps en mauvaise santé qu’au corps de pouvoir être en paix avec une âme perturbée. Les maladies somatiques, mais aussi les multiples compensations dont le corps fait les frais, comme la drogue, la fuite dans l’excès d’alcool auxquelles nous pouvons ajouter les multiples expressions significatives comme « j’en ai plein le dos », « ça me reste sur l’estomac », « j’en ai les hauts le cœur », sont autant de manifestations d’une santé du corps perturbée par une maladie de l’âme. Ce n’est pas pour rien que le bouddhisme ou la sophrologie tentent de surpasser, voire sublimer le corps et ses douleurs par une maîtrise de l’esprit.
Tout aussi étonnant est le chemin du psalmiste qui nous révèle que l’état naturel de l’homme est la louange. Toute la complainte du psalmiste consiste à exposer à Dieu les souffrances qui l’empêchent de demeurer en son état naturel de louange. Et il ne retrouve le repos que lorsqu’il peut à nouveau louer dans la paix. Sa demande ne vise du reste pas l’absence de malheur pour un bien-être individuel, mais au contraire de ne pas être entravé dans son intégrité de personne dont la louange est constitutive de sa relation à Dieu.
Le Christ n’est pas venu abolir la souffrance, mais restaurer la santé de l’âme. Qui aime sait que la souffrance est liée à l’amour. Aussi la santé ne peut-elle se résumer à l’absence de souffrance, ni seulement à l’intégrité physique. Une bonne santé est celle qui assume ce triple niveau du corps, de l’esprit et de l’âme, tous trois tendus vers cet état naturel du psalmiste qu’est la louange. Nous savons spirituellement qu’une mauvaise santé du corps peut être la voie de salut de l’âme en ce que l’épreuve purifie et configure au Christ en croix. Il ne s’agit pas de dolorisme ou de nier la place du corps, car qui veut faire l’ange fait la bête, mais d’ordonner corps, âme et esprit au bonheur véritable. Or, du corps et de l’âme, seule la mauvaise santé de la seconde entrave réellement le bonheur.
Tel est donc le vœu que nous formulons pour 2017, une bonne santé, celle qui permet à chacun de louer dans son corps, son esprit et son âme, l’enfant de la crèche, que ce soit dans le concert angélique de la nuit de Noël, dans l’abondance des Mages, ou crucifié au Golgotha.
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Sainte année « et surtout la santé » !
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Edito #9 : Et surtout la santé!
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