Les catholiques, fidèles, prêtres ou évêques et mêmes cardinaux, pris dans le monde affectif actuel sont parfois tentés, consciemment ou non d’adapter le magistère aux conditionnement émotionnel de l’air du temps. Sous couvert de « pastorale » on en vient alors à modifier notablement le contenu même de la foi. Preuve au passage que celle-ci n’est pas toujours rationnellement comprise par les catholiques.
Pourtant, on ne peut changer le magistère en se fondant sur des motifs et des arguments pastoraux, sans nous plonger dans des abymes de contradictions et sur des points aussi cruciaux que le rapport à la Sainte Eucharistie ». La question de l’accès des divorcés remariés à la communion est emblématique d’un sujet douloureux à la fois pastoral et théologique. Ainsi, on se demande quelle théologie permet de communier état de péché mortel, sinon à considérer que l’adultère n’est pas un péché mortel.
Au fond ces crises nous ramènent au cœur de notre foi, avec des questions aussi simples que celle d’un vieux catéchisme. Qu’est-ce qu’un péché mortel qu’est-ce que l’adultère ? Or, le Catéchisme de l’Eglise Catholique est plus que flou sur la question du péché mortel.
Avant de répondre il faut garder à l’esprit la peur qu’a l’Eglise actuelle du péché. À mon sens cette peur fausse le raisonnement théologique car elle obère la liberté de l’intelligence et l’oriente vers une éviction du péché comme gravité intrinsèque. Le problème actuel porte avant tout sur la relation que l’Eglise entretient avec la notion de péché vu comme épouvantail avant d’être reconnu comme rupture avec Dieu. Il faut dire que de nos jours la relation à Dieu est devenue seconde par rapport à l’immédiateté de la vie matérielle et ce, même, pour de très nombreux pieux chrétiens. Nous avons cessé de vivre entre ciel et terre pour ne vivre que les pieds sur terre. Notre salut, bien souvent, est perçu comme une récompense, voire un marchandage négocié au moindre mal plutôt que l’intimité amoureuse avec Dieu.
Dieu nous apparaît comme un dû. C’est pourquoi il est revendiqué dans la communion eucharistique au mépris de la vérité de notre relation à Dieu. Nous nous comportons avec Dieu, non pas en amoureux, mais en despotes exigeants. Nous sommes adultères avec Dieu mais voulons quand même jouir des bienfaits du mariage comme si ceux-ci étaient des bons points alors qu’ils sont le fruit de l’amour fidèle. C’est l’adultère qui empêche le fruit de mûrir. Et forcer la consommation du mariage n’y changera rien. A nier le péché comme rupture dans la relation amoureuse nous avons banalisé et l’un et l’autre, sans nous rendre compte du camouflet de mépris que cela représente pour Dieu dont nous avons fait notre enclave en exigeant de Lui qu’Il se plie à nos désirs.
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Edito #79 – Un magistère émotionnel ?
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