Edito #71 – La Turquie du Sultan Erdogan sur le pied de guerre

Edito #71 – La Turquie du Sultan Erdogan sur le pied de guerre

Une nouvelle fois, le président Erdogan a posé un acte clair de s volonté d’apparaître comme le sultan héritier de la tradition ottomane, en priant spécialement pour les conquérants d’Istanbul, dans la basilique Sainte-Sophie.

Nous savons – du moins ceux qui veulent bien entendre et lire – qu’une terre qui a été terre d’Islam l’est pour toujours et doit, le cas échéant être reconquise.

En 2016, la Turquie a fêté en grande pompe et avec somptuosité le 563ème anniversaire de la prise de Constantinople par Mehmet II, en 1453. Près d’un million de participants ont assisté, le 29 mai 2018, à ce que les organisateurs estiment avoir été la plus grande scénographie du monde.

Pourquoi fêter en aussi grande pompe un anniversaire qui ne tombe pas à chiffre rond ? Pourquoi ne pas attendre le 565 ème anniversaire, ou le 600 ème ? Le président Erdogan, nous en donne la réponse dans son discours de clôture, dont les salutations sont sans aucune ambiguïté.

« Nous ne courbons la tête devant personne mis à part Dieu. Je salue tous les peuples affligés, de Damas à Tripoli. De Sarajevo au Turkménistan ».

Toutes d’anciennes possessions ottomanes. Si nous mettons cela en parallèle avec les revendications constantes de transformer le musée qu’est l’ancienne basilique Sainte Sophie, en mosquée, comme le rappelle Aleteia , nous pouvons aisément percevoir la volonté affichée du gouvernement Erdogan qui s’impose à l’Europe de plus en plus. Le centre mou de l’Europe n’est plus exactement celui qu’il était et l’Islam du Sultan Erdogan se sent en force.

Les signes sont clairs et affichés. La démonstration culturelle, historique et politique du 29 mai 2016 et la récente provocation de Sainte-Sophie, entendent souder un peuple en lui donnant la conscience de sa grandeur passée, tout en lui affirmant que ce passé s’ouvre à nouveau comme un avenir.

L’exact opposé de la France et de l’Europe qui plient devant le Grand Turc, comme l’épisode mozartien de Berlin le révèle et plus encore, l’accord sur la crise migratoire de 2016. L’Europe se trouve dans la situation de l’empire romain vieillissant qui préférait payer les barbares du limes pour avoir la paix, faute d’avoir su conserver ses soldats paysans qui faisaient la force des légions et que regrettait déjà Caton l’Ancien. Ne nous y trompons pas, Erdogan entend bien redresser le sultanat face au califat et prendre un leadership musulman qui ne peut s’affirmer que dans une démonstration de force dont déjà les chrétiens de Turquie font les frais. Une attitude belliqueuse cohérente avec la tradition même de l’Islam par nature conquérante qu’Erdogan n’entend pas laisser au califat moribond. A qui veut bien prêter l’oreille, les bruits de bottes font déjà vibrer le sol d’Occident.

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