Nous sommes entrés dimanche dans la semaine pour l’unité des chrétiens. Parmi toutes les semaines ou journées proposées par l’Eglise, celle-ci est sans doute la plus suivie. A la suite du Concile Vatican II, l’œcuménisme a connu un fort développement et même un certain enthousiasme de la part des fidèles catholiques. Les retours d’expérience semblent même montrer que les catholiques sont souvent force de proposition en ce domaine. Apprendre à se connaître, faire des pas l’un vers l’autre, apaiser les tensions, regarder nos points communs, sont autant de facettes de cette semaine œcuménique qui pour les plus engagés est plutôt une constante annuelle. A dire vrai, la semaine pour l’unité des chrétiens est surtout l’occasion pour les plus convaincus de tenter de secouer les plus rétifs ou simplement les indifférents. C’est également l’occasion, un peu particulière de se poser des questions sur notre propre foi et notre rapport aux autres confessions chrétiennes, ainsi qu’à la vérité.
Car l’unité pose d’abord un problème de rapport à la vérité. Si le schisme est avant tout une rupture vis à vis de l’autorité romaine que, pour des raisons aussi variées qu’il y a de schisme, certains ne veulent pas ou plus reconnaitre, l’autre rupture d’unité vient, elle, d’un refus, non de la primauté pontificale ou de sa légitimité, mais de la vérité. Les deux sont cependant relativement liées dans la mesure où la place du successeur de saint Pierre n’est pas une invention politique, mais le fruit d’une réflexion théologique. Lorsque nous parlons unité des chrétiens, nous pensons plus spontanément à nos frères orientaux ou protestants, mais pour beaucoup, les sedevacantistes ou les fidèles de la fraternité Saint-Pie X, sont exclus de cette démarche d’unité. Il y aurait beaucoup à dire sur ce que révèle de malaise cet ostracisme.
L’histoire de l’œcuménisme, ces quarante dernières années, s’est jouée à deux niveaux : celui des hiérarchies ecclésiales, discutant âprement des divergences théologiques et celui des fidèles (prêtres et nombre d’évêques compris), moins préparés à ces subtilités de haut vol. Ainsi, avec de bonnes intentions et un franc désir d’unité, l’œcuménisme s’est, à l’occasion, transformé en une érosion de la vérité allant parfois jusqu’à ce syncrétisme que le pape dénonçait à Assise. Il y a un lien essentiel, au sens strict du terme, c’est-à-dire de même essence, de même nature, entre vérité et œcuménisme. L’œcuménisme véritable consiste bien à habiter le même oikos, la même terre de vérité. Que l’on prenne divers chemins pour conduire nos frères à cette terre de vérité est plus que légitime puisque chaque itinéraire part d’un point différent, ce que saint Thomas d’Aquin appelait les semina verbi, ces semences du Verbe, ces bouts de vérité qui demeurent en toute proposition erronée. C’est de ces points d’ancrage qu’il nous faut partir avec nos frères pour leur aplanir les routes qui conduisent vers cette terre œcuménique qu’est le Christ, chemin, vérité et vie.
On me dira bien sûr de moi, mais sans cela serai-je catholique ? Si nous croyons que l’Eglise se trompe depuis 2000 ans, bien fous sommes-nous de la suivre. Si au contraire nous la croyons chemin de vie, c’est bien à elle qu’il faut conduire, non seulement nos frères séparés, mais aussi nos frères ainés que sont les juifs et au-delà tout homme.
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Edito #60 – Semaine pour l’unité des chrétiens – La vérité à l’épreuve de l’unité
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