L’Eglise vient de revêtir le vêtement de deuil, alors qu’elle inaugure une nouvelle année liturgique. Nous avons peur des mots et de leur sens, sans doute parce que nous les comprenons trop bien. Aujourd’hui, la mort fait terriblement peur, au non croyant comme au croyant, à tel point que dans l’Eglise on tente parfois de minimiser son impact sur les esprits. Ainsi, le violet de l’Avent voudrait se muer en bleu marial plus doux au regard comme à la perception psychologique que nous en avons. Mais, comme nous le rappelait cette semaine sur Infocatho Dom Guéranger, le temps de l’Avent est bien une attente qui passe par un deuil. La liturgie revêt plus d’austérité pour nous inviter à espérer le Messie, comme le peuple hébreu sous la cendre et les vêtements déchirés, à éprouver la souffrance du manque de l’époux. Pour bien vivre Noël, il faut auparavant avoir ressenti le divin manque de l’époux. Pour nous réjouir des noces de l’époux avec saint Jean-Baptiste, nous devons commencer par porter le deuil de la veuve. Si l’Avent est une attente messianique, nous devons nous mettre en condition de cette attente et, par la purification de notre espérance qui n’est autre que la mort de nos passions et l’ouverture de notre cœur, nous sommes invités à faire grandir en nous le désir de l’Emmanuel.
L’Avent, temps d’espérance à l’école de Marie, sur les pas de saint Jean-Baptiste, est le temps qui éprouve la veuve dans le désir sans cesse croissant et purifié de retrouver l’amant bien aimé du Cantique du Cantique. Cette semaine d’infocatho est illuminée de ces multiples propositions faites aux veuves que nous sommes et il serait trop long de les énumérer toutes.
Mais dans un raccourci saisissant, l’actualité catholique est émaillée de deuils et l’Eglise mère pleure de par le monde d’innombrables enfants désormais recouverts du catafalque violet. En Asie, en Orient, en Afrique, mais aussi en Amérique du Sud ou en France, des fidèles du Christ vivent cette nuit de la persécution, parfois d’une manière inattendue, insoupçonnée. Ils sont une image ô combien visible de ce temps de l’Avent dans lequel on entre en deuil pour une purification de notre désir en vue de la rencontre ultime avec l’époux tant désiré de la crèche.
Cette double actualité, que rien ne rapproche particulièrement, prend pour le croyant un accent particulier d’espérance. Le deuil légitime que nous portons aiguise notre désir. Désir de retrouver un jour nos frères défunts. Désir de rejoindre un jour « celui que notre cœur aime ». Le temps de l’Avent que nous vivons, nous, pendant quatre semaines, certains de nos frères le vivent quotidiennement, comme nous sommes appelés à le vivre spirituellement pour creuser en nous le désir de l’essentiel, purifié du superflu. Et ce désir purifié est précisément notre espérance, celle qui donne le courage et la force aux martyrs du monde entier. Purgés du trop-plein de nous-même, par cette mort à soi-même, nous pouvons alors tout endurer, car le désir de l’époux nous transporte des ténèbres à la lumière, de la peur de se perdre à la crainte de le perdre, à l’exemple de ces lumières de l’Avent que sont les chrétiens persécutés. Autant de morts endormis dans l’espérance amoureuse et devenus pour nous invitation au deuil dans l’espérance.
C’est à leur rencontre que nous vous invitons cette semaine dans notre lettre hebdo qui leur rend témoignage, comme ils témoignent pour nous que l’amour conduit, dans l’espérance, de la mort à la vie, à hauteur de notre désir de Dieu.
Retrouver notre lettre d’actualité complète à partir de ce lien :
Edito #6 : L’Eglise, un deuil, des martyrs, une espérance.
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