C’est un fait indéniable les catholiques sont désormais minoritaires en France. Reste à définir le sens de catholiques. Entre les catholiques de gauche, de droite, tradi, Lefebvristes, « messisants », conciliaires, et j’en oublie assurément, il y a de quoi faire. Reste que le catholique, celui qui va à la messe tous les dimanches et adhère pleinement au Credo, est indubitablement minoritaire chez les minoritaires. Cependant, si l’on considère les personnes ayant un verni catholique, entendons des restes, même édulcorés et tronqués de ces racines chrétiennes qui irriguent, quoiqu’on en dise, l’inconscient collectif français, nous sommes déjà des minoritaires nettement moins minoritaires.
Fi la belle nuance ! Et pourtant elle est de taille dans la mesure où elle fait des catholiques, adhérant à l’intégralité de la foi de l’Eglise, le cœur d’un ensemble de cercles qui ne cessent de s’entrecroiser en repassant toujours par le centre. Ils sont ainsi à même d’irriguer une part non négligeable de la population française parce qu’ils partagent avec elle l’un ou l’autre micro reste d’un article du credo. C’est de ce petit chaînon qu’il nous faut repartir afin de mettre sur pied, avec chaque personne, une cordée pour la ramener au cœur du cercle qu’est l’adhésion à la foi pleine et entière de l’Eglise. Saint Thomas d’Aquin appelle cela les semina Verbi, les semences du Verbe. Il y a, en toute proposition, même erronée, un point de vérité à partir duquel reprendre le dialogue.
Ce n’est pas la même chose d’être en phase pré-chrétienne, comme au temps des apôtres et en phase post-chrétienne, comme aujourd’hui. Le fond culturel des Français demeure chrétien. Même les élans marxistes d’égalitarisme reposent sur les fondements anthropologiques chrétiens, déviés certes, mais chrétiens tout de même. Alors certes nous sommes minoritaires, mais loin d’être une minorité, parce que, contrairement à ce que le matraquage médiatique voudrait nous inculquer, le substrat de la pensée collective française est chrétienne. C’est tellement vrai que les fils délicats qui s’entremêlent dans ces cercles, plus ou moins concentriques, sont une mèche qui, une fois allumée, peut embraser la France entière.
Alors ne nous laissons pas enfermer dans la dialectique des minorités. Nous ne revendiquons pas notre pré carré comme d’autres religions, ou les mouvements LGBT. La dialectique des minorités consiste à se replier sur soi, à hérisser des clôtures entre les prés carrés des différentes communautés. Elle impose le sempiternel rapport de force comme règle des rapports non plus humains, mais communautaires. C’est le syndrome de la tolérance qui étymologiquement ne signifie rien d’autre que « supporter ». Le chrétien ne supporte pas les autres, il les respecte. Être minoritaires pour des chrétiens n’est pas synonyme de communautarisme. C’est une simple donnée statistique. Tandis que se considérer comme minorité est un état d’esprit contraire à l’universalité de l’Eglise.
Alors minoritaires, oui, mais ne nous laissons pas entraîner dans le complexe victimaire et frileux qui sert toujours de cocon aux « minorités ». Les tenants marxistes du communautarisme n’attendent que ça pour nous écraser dans un rapport de force constitutif de leur pensée, comme de leur méthode actuelle de domination. Les chrétiens ne sont pas une subdivision idéologique d’un tout rapiécé, ils sont le sang qui irrigue le monde, comme le rappelle dès le IIème siècle l’épitre à Diognète.
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Edito #42 : « Minoritaires, certes, minorité non ! »
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