Les élections, la PMA, la GPA, le décès de Simone Veil, les tensions au Vatican, depuis le début de l’année les catholiques ont été fortement sollicités par l’actualité. Et ces « actualités » ont été l’occasion de déchirements et d’affrontements de type fratricide. L’anonymat d’internet aidant, les violences verbales n’ont fait qu’exacerber les passions et révéler au grand jour divisions, incompréhensions et, plus troublant, haine, jalousie, en lieu et place de miséricorde et vérité.
De telles violences, passionnelles, immaîtrisées révèlent tout à la foi une grande douleur et un manque de paix intérieure. Elles traduisent toujours le fond de notre cœur et, au-delà, la qualité de notre foi. Au nom de la charité, on assassine d’insultes. Sous couvert de vérité on n’hésite pas à travestir le Christ Lui-même. Pourtant, le psalmiste s’époumone à nous dire que Vérité et Amour vont de concert. Il n’y a pas de vérité sans amour, ni d’amour sans vérité. Le pape Benoît XVI a écrit à ce sujet une magnifique encyclique dont la réalité spirituelle n’est pas réservée au monde de la doctrine sociale de l’Eglise.
L’aveuglement des passions et des peurs, bien souvent, nous conduit à nombre d’amalgames. Le relativisme nous pousse à confondre des genres en les amalgamant. Le cas du décès de Simone Veil est emblématique d’un vrai malaise dans la foi des catholiques. Entre ceux qui refusent de prier pour le salut de son âme et ceux qui la canonisent, tout un arc-en-ciel émotionnel se décline oubliant souvent de tenir les deux pieds de l’arc-en-ciel de l’Alliance : Amour et Vérité. Dieu seul sonde les reins et les cœurs. Qui peut dire ce qui s’est passé dans le cœur de celle qui ouvrit la boîte de Pandore de l’avortement, au moment de sa mort ? Prier pour son âme est un devoir de charité, même, et peut-être particulièrement, si nous la considérons comme notre ennemi. N’est-ce pas un commandement divin ? Notre réticence à prier pour nos ennemis, ou les gens que nous haïssons, est un très fort indicateur de notre propre santé spirituelle.
Donner à l’ancienne ministre le Bon Dieu sans confession, au prétexte qu’elle a aidé des femmes dans une détresse réelle, ne nous appartient pas plus que de la condamner, car objectivement la loi dont elle a la triste maternité, si elle a sauvé des mères a, objectivement, tué des millions d’enfants. Or il ne nous appartient pas de hiérarchiser le bien ou le mal, ni de décider qui doit mourir pour le bien être d’un autre. La charité dans la vérité en cette affaire, comme en celles qui ont déchiré les catholiques ces derniers mois, consiste à condamner le mal sans relâche, mais prier pour les âmes responsables de ce mal. Prier pour leur conversion et au-delà leur salut, car participer à la mission du Christ c’est tout faire pour le salut de chaque âme, même de celles que nous détestons. Confondre le mal et son auteur, conduit aux deux extrêmes qui sont : d’un côté réduire l’auteur du mal au mal et par là prendre soi-même la décision d’une damnation qui ne nous appartient pas. C’est aussi manquer d’espérance et de foi dans la puissance même de Dieu. De l’autre côté, pour sauver l’âme malfaisante, on en vient à relativiser le mal au point aujourd’hui de le considérer comme un bien.
La violence qui déchira (et déchirera encore) les catholiques autour de ces grands enjeux de société peut presque toujours se lire à la lumière de cette dichotomie simpliste dont ni l’une ni l’autre ne porte la charité dans la vérité et réciproquement.
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Edito #36 : « Des cathos déchirés par l’actualité, de part et d’autre de la vérité et de la charité »
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