Edito #34 – Le consumérisme ou la mort de nos paroisses

Edito #34 – Le consumérisme ou la mort de nos paroisses

Nombre de paroisses de France et de Navarre ont profité de ce dernier dimanche de juin pour remercier leur curé sur le départ ou faire le point dans de longues litanies sur les mouvements et services paroissiaux, anticipant déjà la sempiternelle demande, parfois désespérée, de la rentrée, autre litanie des besoins récurrents de nos paroisses.

Les communautés chrétiennes des grosses agglomérations ne se rendent peut-être pas compte du désarroi et du chemin de croix que représente, pour la plupart des « ensembles paroissiaux » des diocèses ruraux, le recrutement de bénévoles.

Nous sommes tous tellement pris ! Oui il y a le sport (mon médecin a dit), la musique (mon âme a besoin de cette respiration), le travail (bien entendu), la famille (évidemment), les associations (c’est incontournable), la politique (cela commence à revenir) et tant d’autres sollicitations qui viennent concurrencer la vie de la paroisse.

Si nous allons à la messe tous les dimanches et parfois en semaine, si nous participons à un groupe de prière, combien, sur « l’ensemble paroissial » sont effectivement acteurs de la vie de la paroisse ?

L’Eglise la plus concrète pour nous est pourtant la paroisse ou le mouvement auquel nous pouvons être rattachés. Mais si les mouvements cultivent l’investissement, comme un signe d’appartenance, la paroisse tend à demeurer un lieu de consommation. Pourtant, si chaque paroissien donnait une heure par semaine, qu’elle soit diffractée en 10 minutes quotidiennes pour ouvrir l’église ou ramassée en 4 h mensuelles pour préparer la soirée Ephata, même dans les paroisses les plus désertes, cela constituerait une manne de disponibilité pour l’Evangile.

Car en effet, ce n’est pas de toucher les gens en marge de l’Eglise qui est difficile, mais, une fois rejoints, bien des paroisses n’ont rien à leur proposer, faute de personnes engagées. C’est une double mort, de la paroisse et de l’évangélisation.

Nous éduquons nos enfants à prendre leur part dans la vie de famille, parce qu’ils sont membres de cette communauté familiale et non de simples pions consommateurs. Combien de mamans s’insurgent devant leurs ados qui tendent à considérer la maison comme un hôtel ? Il en va de même de la paroisse (qu’elle soit géographique ou choisie) et ce n’est qu’ainsi qu’elle sera vraiment l’Eglise locale, c’est-à-dire composée de pierres vivantes et non d’angles morts.

Mais bien des sorties de messe ressemblent au collier de perles cassé. Un vieux curé de Corrèze disait un jour à ses paroissiens, « vous me faites comprendre la peine de ma sœur quand, enfant, je m’amusais à briser ses colliers de perles. En vous voyant tous vous éparpiller à la sortie de la messe, je revois le collier de ma sœur. »

Le consumérisme a gangréné aussi nos Églises paroissiales et donner, même généreusement, à la quête ne remplace pas la pierre vivante qui s’engage. Le dynamisme de nos paroisses est vérolé par cette forme de consommation paroissiale qui, avant de vider les églises, a vidé l’Eglise. Comme un enfant a sa part dans la vie de la maison, aucun paroissien ne peut se dédouaner de sa part active dans la vie de l’Eglise sous peine de n’être, même en état de grâce, qu’une pierre inerte. L’église domestique est importante, c’est un fait, mais sans Eglise vivante, les églises domestiques n’iront que déclinant. L’engagement dans la société est fondamental, mais, sans engagement dans l’Eglise, l’engagement pour la société se tarira, parce que si les prêtres nous donnent la grâce par les sacrements, ils ne sont pas l’Église à eux seuls et ne peuvent la tenir à bout de bras. C’est notre responsabilité commune et personnelle, devant Dieu et devant nos frères.

En réalité, nous tendons à asphyxier nos Eglises locales par cette forme de consumérisme qui a peu à peu laissé glisser l’ordre des priorités. Oui nous avons souvent perdu de vue que la paroisse, image locale de l’Eglise, est pourtant une priorité dans la vie du chrétien. Cela nous place devant une vraie question pour l’été : quel est l’ordre des priorités de nos engagements qui met si loin derrière l’Eglise ?

Toute la rédaction vous souhaite un bel et saint été.

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Edito #34 : « Le consumérisme ou la mort de nos paroisses »

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