Evidemment, cet entre deux tours aurait pu nous inciter à un édito plus politique, mais, avouons-le, cela dure depuis l’automne dernier et tout le monde, bien qu’inquiet, a hâte de passer à autre chose. Le ciel ne sera sans doute pas moins gris sous une majorité ou sous une autre, tant les catholiques sont malmenés, tant leurs convictions profondes sont devenues l’ennemi public numéro 1.
Nous pourrions nous demander pourquoi du reste. Pourquoi tant de haine, de violence, de rejet pour un groupuscule qui cultive aujourd’hui plus la politique de la joue gauche que l’offensive djihadiste. Le Christ ne nous avait-il pas prévenus ? Le monde ne nous aimera pas, tout comme Lui-même n’a pas été reçu dans ce monde. Par un retournement incompréhensible de l’intelligence humaine, les hommes courent à toute jambe vers ce qui leur cause le plus de souffrances, tournant le dos à la source même de leur bonheur. Supériorité de l’ange même déchu, sur l’homme fragile et limité à qui il est si facile, depuis l’aube des temps, de faire passer des vessies pour des lanternes.
Que fait en effet le Satan, sinon obscurcir le regard de l’homme (et de la femme) en le maintenant dans la peur du vide ? Ici, et nulle part ailleurs, se trouve la redoute qu’assaillent sans cesse les troupes maléfiques. Le vide existentiel par lequel l’homme peut se tourner vers Dieu et vers les autres est insupportable à tout être humain qui est fait comme un vase capable de recevoir l’infini de Dieu. Mais ce vase est d’une capacité abyssale, puisque dimensionné pour Dieu Lui-même. Capacité qui n’a d’égale que cette béance existentielle terrifiante pour tout être humain. Si terrifiante que nous ne supportons de la laisser vide et que nous la comblons, autant que possible, de compensations qui, pour être sécurisantes, n’en sont pas moins finies et donc incapables de combler cette capacité infinie. Cette inadéquation conduit alors l’homme hagard dans une course effrénée, panique d’un vide toujours plus exigeant. Et voilà le terrain de jeu du démon, entretenir cette peur, tout en lui donnant l’illusoire satisfaction de compensations matérielles éphémères, à toujours renouveler. De proche en proche, l’Homme perd de vue la véritable source de sa joie et la panique le prend, comme tout drogué, lorsqu’un chrétien entend leur proposer de le sevrer de ses ersatz, tant il cumule dépendance et incrédulité quant au véritable remède.
Face à cela il n’est que deux impératifs aux chrétiens, redire à temps et à contretemps la vérité afin de rappeler sans cesse la source de bonheur véritable de l’homme et témoigner par leur vie de ce qu’est cette joie véritable. Le chrétien qui rayonne de joie est le meilleur des prophètes, parce que non seulement il témoigne que c’est possible, mais il montre le lien inséparable entre vie chrétienne et bonheur. La vie chrétienne authentique (même pècheresse) est comme le symbiote du bonheur. Trouver son épanouissement dans le don de soi, puiser son bonheur dans la présence divine, garder la confiance et la sérénité dans l’épreuve par cette confiance indéfectible en la victoire du Christ, tout cela n’est-il pas pour nous la source d’une joie exultante que le monde ne peut comprendre et qui, par bien des égards, lui est insupportable ?
On parle souvent de la joie des chrétiens, une joie puisée en Dieu, une joie simple, mais il y a fondamentalement une joie à être chrétien et cette joie-là est comme l’expression de la cohérence de la foi assumée. Nous n’aurions pas de joie à être chrétien si quelque chose dans « l’être chrétien » assombrissait notre joie. Il y a là un grand indicateur de la cohérence de notre foi et une source de fierté qui pousse à sortir de sous le boisseau, parce que la joie a ceci de particulier qu’elle porte en elle le désir de se communiquer et de se dire. C’est ainsi du reste qu’elle devient louange, état normal de l’homme nous rappelle le psalmiste. La joie d’être chrétien n’est pas de l’irénisme béat dans un monde de bisounours, parce qu’au fond c’est bien la cohérence interne de cette joie qui pousse au martyre. Voilà pourquoi, même un désastre électoral ne peut entamer la joie et donc l’espérance du chrétien, par nature engagé.
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Edito #32 : « De la joie d’être chrétien même dans ce monde en ruines »
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