Edito #127 : Temps ordinaire, comment vivre l’entre deux temps forts ?

Edito #127 : Temps ordinaire, comment vivre l’entre deux temps forts ?

Voilà ! après 40 ans jours de carême, cinquante de temps pascal, après le violet, le rose, le blanc, le doré et le rouge, il est temps de se mettre au vert. Tendus vers Pâques, tendus vers l’Ascension, tendus vers la Pentecôte, tendus vers Noël, les chrétiens vivent au rythme de la vie même du Christ. Heureux de sa naissance, inquiets de ses souffrances, tristes de sa mort, mais rayonnants de sa résurrection, il leur faut aussi vivre la vie cachée, ordinaire de leur Sauveur, dans toute son humanité.

Durant le temps de l’Avent nous sommes concentrés sur la naissance de l’enfant Jésus et la contemplation de ce mystère nous émeut, nous rejoint dans une étonnante humanité. Cette proximité nous aide à comprendre un des aspects de la mission du Christ et dans cette contemplation nous apercevons la distance entre notre vie et l’appel à l’absolu de l’abandon et de la confiance. Cette distance peut nous conduire à des conversions, réchauffant notre ardeur pour le Christ. Et puis la joie de Noël nous donne à approcher plus d’un mystère de l’humanité elle-même, mais bien que partageant l’enfance de Jésus et la vie de la Sainte Famille, les presque deux mois de proximité s’étiolent et la crèche disparait plus qu’elle ne pénètre le quotidien de l’ordinaire, dans une chandeleur parfois bien pâlichonne.

Un court temps banal nous donne plus l’impression d’une pause avant l’ascension de l’Everest quadragésimal. Le quotidien reprend ses droits d’autant plus que « nous aurons le carême pour nous rattraper ». Un petit mardi gras festif pour faire passer le goût de cendre et nous voici pour une quarantaine de jours d’efforts, plus ou moins bien choisis, plus ou moins bien tenus, mais dont les écarts ravivent plus la mauvaise conscience qu’au temps ordinaire. Comme s’il était plus culpabilisant d’être « mauvais chrétien » en violet qu’en vert.

Mais au-delà de nos faiblesses et de nos abandons, nous aurons tout de même passé un carême et temps pascal aux côtés du Christ, un peu plus près qu’à l’ordinaire et très différemment de l’Avent et de Noël. Les efforts plus radicaux portent des fruits divers et plus ou moins durables, mais ils nous auront fait compagnons de route du Christ.

Lorsque revient le printemps et sa verdure liturgique, il y a bien encore ici ou là quelques temps forts pour nous rappeler au Christ quotidien, mais en dehors des solennités du Sacré Cœur, de l’Assomption ou de la Fête Dieu, que voulez-vous, la vie s’écoule et n’est pas un long fleuve tranquille. Il y aura peut-être un pèlerinage, des JMJ, un événement personnel ou familial, mais globalement, les belles déclarations d’amour et d’intention s’affadissent. Jésus pleuré sur la Croix, porté en triomphe à Pâques, devient un filigrane qui s’estompe dans son Ascension.

Comment faire du temps ordinaire un temps de vie tout aussi intime ? Comment entre deux temps forts rester aussi proche du Christ ? Il me semble que c’est en faisant du temps ordinaire le temps de la vie cachée de Jésus. Ce temps où finalement il fut le plus proche de nous. Le contempler dans son propre temps ordinaire où il nous a rejoint. Jésus se lève le matin, il commence par prier. Il déroule sa matinée le plus banalement du monde. Il travaille avec son père, il discute avec ses proches, il se promène sur les routes. Plus grand, son métier change, de charpentier il devient enseignant, mais il continue toujours une vie banale émaillée de choses moins ordinaires, comme aller à un mariage, faire du bateau avec des amis, une randonnée en montagne. A midi il déjeune avec ses parents, ses proches, ou chez des amis. Il est invité pour le repas, pour dormir parfois sans doute. Il prie à midi, se remet en route, au travail, reste ouvert et accueillant à ceux qu’il croise sur son lieu de travail, de repas, de promenade. Il dit la prière du soir, il dîne, prie avant d’aller dormir jusqu’au lendemain.

Mais tout cela il le fait le plus ordinairement du monde. En de rares occasions un miracle. Il écoute il enseigne et fait tout avec une seule directive : faire la volonté du père. A plusieurs reprises il décline offre ou proposition parce que son heure n’est pas venue ou que ce n’est pas là que son père l’attend.

Voilà notre temps ordinaire. L’imitation de l’ordinaire de Jésus avec une question guide : à ce moment précis qu’est ce que le Christ aurait fait ? Ne nous disons pas qu’il avait une vie extraordinaire qu’il était Dieu. L’essentiel de ce qu’il a fait, il l’a fait dans son humanité. Et dans cette humanité, bien des saints ont eux aussi fait des miracles, dans une vie ordinaire qu’ils ont rendu extraordinaire par leur attachement au Christ.

Baudouin d’Alixan

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