Les élections européennes arrivent, comme chaque fois, dans un mélange d’indifférence, de désillusion et de course aux postes tranquilles à pourvoir. Pour beaucoup de Français cette élection est lointaine, sans grand intérêt, un peu à l’image de cette usine à gaz qu’ils ne comprennent pas et qui semble les broyer sans guère se soucier d’eux. L’électeur ne sait trop du reste pour quoi il vote, ignorant le plus souvent les attributions des eurodéputés, ni pour qui il vote, les listes étant souvent faites d’illustres inconnus ou de mammouths à recaser après une défaite aux législatives nationales.
Voilà, ce me semble, à quoi ressemble, dans l’esprit de nos compatriotes cette élection fourre-tout, dont les médias nationaux s’emparent toujours à la dernière minute tant elle n’intéresse personne. Les annonces des listes ont, cette année, eu un peu plus de relief qu’à l’ordinaire. La candidature controversée de François-Xavier Bellamy, aura mis en avant une liste LR qui pâtit de la panne sèche du mouvement lui-même. On a dit et glosé sur cette candidature, considérée comme réactionnaire par les uns, chausse-trappe pour les autres qui, face à la claque annoncée, voudraient en profiter pour discréditer du mouvement républicain une fois pour toutes, cette ligne trop « sens commun ». Les plus ingénus y voient le moyen de siphonner les poches des vieilles dames versaillaises pour combler le trou abyssal des caisses du parti.
La liste du parti au pouvoir, s’est prise dans la marche le jour même de sa présentation, entre l’effondrement des bancs des heureux élus et la désertion totale de la salle de presse. Sa tête de liste au passé controversé, comme la plupart des membres du parti gouvernemental, ne fait pas recette et le rassemblement national envers et contre tout se promène en tête dans les intentions de vote. Reste à savoir de combien d’intentions et de votes nous parlons pour un scrutin traditionnellement peu couru qui risque fort de faire les frais de la désertion massive d’un peuple à qui on avait promis la politique autrement et qui se retrouve autrement moins libre politiquement.
Comme si cet opprobre ne suffisait pas et puisque personne ne sait trop à quoi servent les eurodéputés, ni donc quelles sont les attributions du parlement européen, la campagne électorale traite indifféremment de ce qui relève de l’Europe et de ce qui n’en relève pas. L’occasion pour chacun de faire sa campagne nationale, sans se soucier de la réalité des pouvoirs que les vainqueurs auront en mains. Pour autant, la plupart des lois nationales sont aujourd’hui conditionnées par ce qui se décide loin, à Bruxelles ou à Strasbourg. Du reste, les députés et gouvernements français se cachent, plus que la réalité ne l’exige, derrière cette Europe tentaculaire.
Être député européen c’est donc bénéficier d’un pouvoir de levier non négligeable et ce d’autant plus que l’Europe laisse aux lobbys tout le loisir de s’exprimer. Pour les catholiques, avoir des députés à Strasbourg c’est avoir une porte d’entrée pour tous nos lobbys et notamment pro vie. C’est pouvoir, loin des anathèmes médiatiques français, donner de l’audience auprès des véritables cercles d’influences, à nos convictions.
Il n’est pas dans la culture catholique d’user ainsi de lobbys, de leviers discrets et les Français aiment la politique de l’éclat, là où l’Europe joue la stratégie de la coulisse. Nous gagnerions à être plus présents et attentifs à cette puissance silencieuse qui donne le la à toute l’Europe.
Au-delà du contenu des programmes qui, le plus souvent, sont décalés, être dans la place est l’enjeu le plus important de ce scrutin. Alors, oui voter aux européennes est pour les catholiques d’une importance capitale, car c’est le plus puissant levier qui nous soit offert pour la mise en œuvre et la défense des principes non négociables.
Enguerrand de Montf.
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Edito #123 : Les Européennes, quels enjeux pour les catholiques ?
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