« Tout par amour rien par force »
« Tout par amour, rien par force » telle est l’une des phrases clefs de saint François de Sales que l’Eglise fête le 24 janvier, comme une mémoire obligatoire. C’est dire l’importance de celui qui porte le titre de Docteur de l’amour car il semble être, de tous les écrivains ecclésiastiques, l’un de ceux qui a le plus mis à la portée de chacun l’amour divin. Si le prince évêque de Genève en a abondamment parlé, il l’a plus encore vécu, au point que son contemporain saint Vincent de Paul, qui s’y connaissait en matière de charité et d’amour divin, dît à son propos « Que Dieu doit être bon puisque Monsieur de Sales est si bon. »
En pleine semaine de prière pour l’unité des chrétiens, l’Eglise honore donc celui « qui ramena à la foi 70 000 hérétiques », nous disent les litanies du saint. C’est que le véritable combat du jeune prêtre, puis de l’évêque de Genève, fut la défense de la vérité. Sachant faire intervenir la force et la négociation diplomatique pour que ses droits soient respectés, c’est par la force de ses arguments qu’il défit une à une les oppositions que les protestants finirent par ne plus oser venir lui présenter. Les grands pasteurs de l’époque se dérobaient aux disputatio, laissant leurs fidèles troublés, mais régénérés par les paroles de vérité de ce beau jeune gaillard des montagnes. Emphase hagiographique ? Les tentatives contre sa vie témoignent pour lui, ainsi que le grand Théodore de Bèze qui ne se convertit pas que par fidélité aux siens. Ainsi l’infatigable évangélisateur du Chablais nous rappelle que « l’unité se fait en se rapprochant du Christ » pour reprendre le pape François. Une unité qui repose sur le Christ lui-même parce qu’elle n’a pas peur de la vérité. Car l’unité chrétienne n’est pas une mosaïque de vérités au plus petit dénominateur commun. L’unité chrétienne est la vérité même dans toute sa splendeur.
«Sans conteste, ce docteur en droit, esprit brillant que le pape chargea de trancher la querelle de Auxiliis entre jésuites et dominicains, fut, et demeure, un maître de vie spirituelle. Il est assurément celui qui a réappris aux laïcs qu’ils pouvaient entrer au ciel par la grande porte. Sans fausse modestie, il savait recevoir les honneurs dus à l’évêque, alter christus, et vivre modestement, donnant sans ostentation aux pauvres de sa bonne ville d’Annecy. Pratiquant plus la pauvreté qu’il n’en parlait, ne réservant pas à sa docte éloquence la charité, il se faisait tout à tous au péril de sa vie. Arpentant par tous temps les montagnes reculées, à pied, portant son autel sur le dos, il allait à la rencontre de ses diocésains qui tous ne l’accueillaient pas bras ouverts. C’est que Monsieur de Genève dérangeait. Il dérangeait les chevaliers de Saint Maurice, qui refusaient de lui rendre les biens d’Eglise récupérés à l’occasion des troubles de la Réforme. Il dérangeait les tièdes, mécontents des émules que le saint faisait partout où il passait. Il dérangeait les moines trop confortablement installés, à Abondance ou à Talloire. Il dérangeait enfin les huguenots du Chablais et de Genève qui voyaient leurs ouailles fondre comme neige au soleil. On s’en prend à sa vie, on lui interdit de parler en public. Alors il ruse et, puisque les habitants de Thonon ne peuvent venir à lui, il ira à eux en glissant sous leurs portes de petits feuillets argumentant sur la vraie foi. Le jeune prévôt du chapitre de la cathédrale de Genève réfugié à Annecy ne se doutait pas que cette ruse en ferait le patron des journalistes. Et c’est sous sa protection, sollicitant constamment les lumières et la verve simple et fleurie du prédicateur envié par Henri IV, que l’équipe d’InfoCatho se place chaque jour pour offrir à ses lecteurs une information vraie et une formation ancrée dans la foi maternelle de l’Eglise. « Nec plus, nec minus » selon la devise épiscopale du prince de Genève.
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Edito #12 : « Tout par amour et rien par force »
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