Edito #103- Gilets Jaunes – Un regard catho sur la question

Edito #103-  Gilets Jaunes – Un regard catho sur la question
Le Christ chassant les marchands du Temple, par Valentin de Boulogne, vers 1618-1622, réactualisé.

Il est surprenant de constater que la tempête de révolte des Gilets Jaunes n’interpelle pas beaucoup l’Eglise. Nous pouvons tout de même signaler une intervention de Mgr Aubry, évêque de La Réunion, et l’interview de Mgr Feillet, évêque auxiliaire du diocèse de Reims. La Réunion traverse un climat qui appelle clairement à l’apaisement, mais pour ce qui est de la France en général, Mgr Feillet souligne la nécessité d’une écologie solidaire plutôt que répressive ; position réaliste que partage le Secours Catholique, mais nous ne voyons malheureusement pas dans ces communications de soutien franc à l’égard de cette énergie populaire.

C’est très bien d’organiser des colloques sur la bioéthique, de se questionner sur les vocations, mais cela ne rejoint pas actuellement le cœur des français. Or c’est bien le moment de montrer que l’Eglise protège les pauvres et les opprimés ! Nous sommes loin de l’année 1950, où Mgr Cazaux, évêque de Vendée, appelait à la grève de l’impôt pour préserver l’enseignement libre des écoles chrétiennes.

Le Christ a toujours été du côté des sans voix, des petits et des faibles. Aura-t-il suffi d’un discours d’Emmanuel Macron aux Bernardins, reléguant l’Eglise au « questionnement » et à s’occuper des pauvres qu’il ne cesse de créer, pour que ce sinistre personnage rassure les catholiques ?

Pendant que nous sommes en ce moment plutôt focalisés sur le problème de la pédophilie et les sujets de bioéthique, la classe moyenne, les foyers à revenus modestes et les retraités s’inquiètent de plus en plus de la manière dont ils pourront joindre les deux bouts à la fin du mois. Quand comprendrons-nous que la plupart des français se fichent complètement de l’Eglise, parce qu’elle n’est plus insérée dans le corps social comme elle l’était encore il y a quelques générations, malgré, il faut tout de même le dire, de belles initiatives locales et le formidable travail des associations de charité.

Il est parfois reproché aux GJ de ne se préoccuper que de pouvoir d’achat, de ne pas être écologistes… Mais que leur reste-t-il d’autre que cette préoccupation ? La République et la société de consommation ont transformé les personnes en pions du Marché… D’autre part, est-ce vraiment très écologique de tripler le parc éolien en France, sachant l’impact qu’implique la construction d’une éolienne sur l’environnement ? Est-ce vraiment écologique de pousser les citoyens à changer de voiture ?.. Et il faudrait taxer plus pour ça ?

En vérité, et sans exclure des efforts personnels et globaux, car une transition écologique est nécessaire, il serait plus écologique de taxer les importations étrangères pour privilégier les circuits courts et les productions locales, victimes de concurrences déloyales… mais c’est impossible à cause de l’article 63 du traité de fonctionnement de l’Union Européenne, qui interdit les « restrictions aux mouvements de capitaux entre les États membres et entre les États membres et les pays tiers ». La sortie de l’UE étant si redoutée et « populiste », il reste donc le peuple à saigner. Or ceci est inacceptable, car comme l’écrivait Léon XIII dans Rerum Novarum, « [L’autorité publique] agit donc contre la justice et l’humanité quand, sous le nom d’impôts, elle grève outre mesure les biens des particuliers. »

On ne peut pas être plus clair.

Il y a des gens qui s’étonnent (voire même se scandalisent) de la “violence” de certains gilets jaunes, mais il faut se rappeler que le combat politique ne se fait pas en dansant avec des ballons roses et bleus (quel fut le résultat de LMPT ? Zéro). Les chouans durent se défendre par la force contre la République qui les oppressait, et c’est grâce à eux que la liberté fut préservée : la force n’est pas la violence, et c’est là où la force est absente que prolifère la violence. La force c’est d’être, la violence c’est de vouloir dominer.

Emmanuel Macron affirmait aux Bernardins que la République attend des catholiques trois dons : leur sagesse, leur engagement et leur liberté, et bien n’attendons plus et ne soyons donc pas des pharisiens bien élevés, mais des « brigands de la Vendée » !

ADDENDUM (2 décembre 2018) : il est à déplorer le saccage du musée de l’Arc de Triomphe et le pillage des magasins, mais cela ne représente pas l’ensemble du mouvement.

Retrouver notre lettre d’actualité complète à partir de ce lien :
Edito #103 – Gilets Jaunes – Un regard catho sur la question

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