« A vue humaine, il ne faut pas oublier qu’un robot matériel ou immatériel, qu’il s’agisse d’une machine humanoïde ou d’un chatbot, est plus proche du grille-pain que de n’importe quel être vivant. Il ne faut pas confondre la simulation de l’intelligence ou de l’apparence humaine avec un vrai être humain. On est ici dans l’ordre du simulacre », explique Nicolas Capt, avocat spécialiste du droit des nouvelles technologies à Genève.
Les technologies émergentes sont autant de défis qui nécessitent « une réaction rapide et prospective » pour encadrer leur utilisation. Partant de l’exemple de la voiture autonome (cf. Reversée par un véhicule autonome, une piétonne est décédée), l’avocat explique que l’Allemagne procède déjà à des arbitrages éthiques et impose des règles au concepteurs d’intelligence artificielle : « Par exemple de toujours privilégier l’homme sur l’animal, de ne pas prendre en compte l’âge ou l’état physique ou psychologique d’une personne, de ne pas choisir de renverser – en cas de collision inévitable – une personne âgée plutôt qu’un enfant en bas âge ». En effet, il est temps « de déterminer la chaine des responsabilités. Aujourd’hui, lorsqu’un accident survient, il y a en général un véhicule A et un véhicule B en cause. La police arrive, enquête, puis tout un système classique se met en branle, notamment pour les assurances. Bientôt, on aura le véhicule A, le véhicule B, les occupants des deux véhicules, le concepteur du logiciel d’intelligence artificielle, le fabricant de la voiture, le détenteur de la voiture, ainsi que l’intelligence globale des objets connectés… ». Pour autant, les personnes qui prennent place dans ces véhicules autonomes gardent une « responsabilité résiduelle » : condition d’utilisation, entretien, météo…
Plus généralement, « l’empathie artificielle » du robot reste « une pure simulation » et « même si la machine devait être, dans le futur, dotée d’une certaine conscience d’elle-même, est-ce que cela suffirait à lui attribuer des droits? La ligne de démarcation n’est-elle pas plutôt la vie? Au final, il s’agit d’une question essentiellement philosophique ». L’avocat insiste : « Tant que la machine n’est pas douée de sensibilité, de conscience, de vie, il n’y a pas lieu de la protéger. Qui songerait à garantir les droits d’une enceinte connectée? », pour conclure : « Il s’agit de protéger davantage les êtres humains que les robots. Il ne faut pas se tromper d’objectif ».