Selon la Constitution suisse, l’Assemblée fédérale est l’autorité suprême de la Confédération. Elle est même mentionnée avant le Conseil fédéral. Son président est appelé « premier citoyen du pays ». Le Fribourgeois Dominique de Buman préside cette assemblée élue démocratiquement.
Catholic Voices Suisse: Dimanche dernier lors de l’assermentation des nouveaux gardes suisses, comme premier citoyen du pays, vous étiez à Rome. Qu’est-ce que cela représentait pour vous ?
D. de Buman: Le canton de Lucerne était l’invité d’honneur et d’autres personnalités publiques étaient présentes. Comme premier citoyen, je tenais à être présent pour trois raisons convergentes :
Je préside l’Assemblée fédérale qui représente le peuple suisse. La Suisse, notre pays, a un lien direct avec la garde suisse pontificale. Je voulais donc être à Rome.
J’ai désiré exprimer ma reconnaissance à une jeunesse qui donne son temps à la collectivité, qui s’engage dans une mission difficile. Les conditions de vie sont assez modestes, tout comme leur rémunération. Les gardes donnent aussi une magnifique image de la Suisse dans le monde entier. Ce retour d’image est important.
Enfin comme fribourgeois, le vice-commandant Philippe Morard est gruyérien. Les fribourgeois sont très présents avec 15 gardes, soit le second contingent cantonal. Cette année, 4 nouveaux gardes fribourgeois ont prêté serment. C’est magnifique. Je suis aussi lié d’amitié avec l’une des familles de la ville de Fribourg.
D’une façon plus personnelle, qui se superpose à ma fonction, j’ai voulu montrer mon attachement à l’Eglise catholique.
Avez-vous pu rencontrer François ?
Oui, grâce à notre ambassadeur Pierre-Yves Fux. Après la messe du matin à la basilique Saint-Pierre, je me suis rendu dans un salon à Sainte Marthe, lieu de son habitation. Ce fut bref mais très intense. Même avec la langue française, le Pape a très vite compris le sens de ma visite et le contact fut excellent et très humain. Je lui ai parlé de Saint Nicolas de Flue, l’homme de la Paix, pour terminer: « nous nous reverrons le 21 juin à Genève ».
Justement, parlons de cette visite historique. Le 21 juin prochain, François foulera le sol helvétique par son pèlerinage oecuménique à Genève. Une visite au conseil oecuménique des églises, une rencontre avec le président de la confédération Alain Berset et une messe pour les fidèles de l’Eglise en Suisse. Pour l’homme politique que vous êtes, que représente cette visite historique ?
Je serai à l’aéroport de Genève pour l’accueillir et je me rendrai à Palexpo pour la Messe.
Cette visite s’ancre dans une tradition. Comme gosse, je me souviens de la visite du Pape Paul VI à Genève en juin 1969. Il s’était rendu au conseil oecuménique des églises et à l’organisation internationale du travail.
Ce sera aussi une mise en lumière pour la Genève internationale, avec toutes les institutions internationales qu’elle héberge et qui servent à la Paix, au dialogue et à la recherche de solutions. Cette dimension universelle, ou catholique pour l’Eglise, est importante.
Cet esprit correspond à la Suisse qui promeut des valeurs tels que le Paix, les bons offices et l’ouverture.
L’invitation du Conseil oecuménique des églises va aider au rapprochement des chrétiens. L’unité, la paix, l’amour sont partagés par nous tous.
Cette visite renforcera-t-elle la paix confessionnelle ?
Oui assurément. Le Pape ne vient pas à Genève par hasard. Il y a clairement une cohérence dans ses voyages, lorsqu’il rencontre les représentants religieux de l’Arménie comme Karékine II ou de la Russie avec le Patriarche de Moscou Cyrille. Sa ligne d’action est repérable et visible.
Il y a eu de nombreux acteurs, dont des Pasteurs protestants, qui ont oeuvré pour convaincre François de venir en Suisse. Cette constellation de milieux différents, dans lesquels je me suis également engagé, a providentiellement conduit à sa venue. Des bons ingrédients différents, mis au bon moment, finissent toujours par une fondue bien réussie.
Trois bonnes raisons pour venir le jeudi 21 juin à Genève ?
La Messe est toujours une chance. « Aller à la Messe » c’est basique si je puis dire. Certes, les médias font un travail précieux pour couvrir une telle visite, mais vivre l’événement en live, en direct, est encore plus fort. Cette venue est rare, unique et historique.
Enfin, venir à Palexpo c’est une belle manière de dire « Merci! ». Remercier François de venir nous rencontrer. C’est une excellente façon de lui exprimer toute notre gratitude.
Propos recueillis par Catholic Voices Suisse
En images, la visite du pape Paul VI en 1969 à Genève: