“L’alliance irrévocable. Joseph Ratzinger-Benoît XVI et le judaïsme”: ce précieux volume est publié en français par Communio/Parole et Silence (290 pp., 22 euros).
La grande nouveauté du volume c’est sans doute à la fois la correspondance du pape émérite avec le rabbin Folger, et la mise ensemble de différents documents clefs. Les traductions de l’allemand sont de Jean-Robert Armogathe. Les catéchistes ont là un nouvel instrument de formation indispensable et sûr, sous la houlette de Benoît XVI.
C’est un dossier réuni par Communio/Parole et silence qui ne contient pas la totalité des documents parus sur les relations entre l’Eglise catholique et le judaïsme depuis la Déclaration conciliaire “Nostra Aetate” (28 octobre 1965). Mais il couvre « de manière significative » soixante années de dialogue, explique l’éditeur.
Celui-ci indique que tout est parti, en 2017, d’une demande du cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, et président de la Commission vaticane pour les relations religieuses avec le judaïsme. Le cardinal Koch suggéré à Benoît XVI de publier des remarques intitulées « Les dons et l’appel sans repentir », initialement destinées à la Commission vaticane. Elles ont été ensuite publiées par Communio, en allemand puis en français. La réaction du grand rabbin de Vienne, Arie Folger, a suscité une correspondance entre le pape émérite et le grand rabbin, l’été dernier.
Puis le dossier s’enrichit de deux documents de la Commission biblique vaticane. D’une part, le document sur « Le peuple juif et les Saintes Ecritures dans la bible chrétienne » (2001, le card. Ratzinger présidait la Commission et signe la préface). D’autre part, une « Réflexion théologique sur les rapports entre catholiques et juifs », du cardinal Koch (2015).
S’y ajoute le document publié en février 2017 par la Conférence des rabbins européens, approuvé par le Comité exécutif des rabbins américains, « Entre Jérusalem et Rome. Le partage de l’universel et le respect du particulier ».
Le discours du pape François aux représentants de la Conférence des rabbins européens, du Conseil rabbinique d’Amérique et de la Commission du Grand rabbinat d’Israël (31 août 2017) complète l’ensemble.
Dans « Le don et l’appel sans repentir », présenté par le p. Olivier Artus et par le cardinal Koch, Joseph Ratzinger-Benoît XVI, rappelle notamment que l’Alliance avec Israël, selon l’enseignement de l’Epître aux Romains, « n’a jamais été révoquée ».
Comme le souligne le p. Artus les deux thèses principales – qui fondent le dialogue avec le judaïsme – sont explicitées: d’une part, la « théorie » (et non pas théologie !) « de la substitution » doit être rejetée, et d’autre part, l’Alliance établie par Dieu en faveur d’Israël « est irrévocable ».
L’enjeu c’est aussi le « jamais plus » d’après la Shoah: dans sa correspondance avec le rabbin autrichien, le pape émérite déplore notamment « la triste histoire de l’antijudaïsme chrétien qui conduit finalement à l’antijudaïsme antichrétien des nazis » et à « Auschwitz ».
En somme, ce qui est pour la première fois publié, ensemble et en français, c’est un manuel incontournable pour tous les catéchistes catholiques francophones et pour tous ceux qui sont chargés de transmettre la foi. Incontournable, parce que sans ce socle, la catéchèse ne serait pas vraiment catholique : ce n’est pas une option.
Leur formation et leur mission c’est d’ailleurs l’intention de prière du pape François pour ce mois de décembre 2018.
Source : Zenit.org