Depuis quelques jours circulent (voir notre article) sur le net des articles concernant la demisexualité, selon lesquels certains auraient inventé une minorité sexuelle définie par comparaison aux « personnes normales ». La source étant assez mauvaise, le concept n’est pas correctement compris.
La demisexualité est une forme d’asexualité, considérée comme zone grise, comme l’hyposexualité. Cela constitue un intermédiaire entre personnes asexuelles et sexuelles (les sexuelles sont les personnes hétéro- bi- ou homosexuelles). Il ne faut pas confondre une personne demisexuelle avec une personne qui sera capable d’attendre d’avoir une relation sérieuse avant de passer à l’acte. Une personne demisexuelle ne ressent pas d’attirance ou de désir sexuel, et se considère comme asexuelle en général ; là où une personne normale et bien élevée est capable de ne pas se jeter sur tout ce qui bouge, et respectera son corps. Une personne « normale » est capable d’éprouver de l’attirance, elle pourra fantasmer sur une personne même sans avoir de relation avec elle. La personne normale pourra selon la pertinence aborder la personne qui l’attire, apprendre à la connaître, et si l’attirance est réciproque, entreprendre une relation amoureuse. Le fait de ne pas passer aux « choses sérieuses » ne signifie pas que la personne n’éprouve pas de désir, mais juste qu’elle est capable de se contrôler.
Une personne demisexuelle, tout comme une personne asexuelle, ne ressent pas d’attirance sexuelle envers autrui, et se considère habituellement asexuelle. Les personnes asexuelles en général sont assez vulnérables, en raison de leur absence de désir, elles sont à haut risque de viol conjugal et autres violences domestiques. En règle générale, les personnes asexuelles préfèrent rester en couple entre elles. Là où le bas blesse pour une personne demisexuelle, c’est qu’une fois en couple avec une personne asexuelle, elle peut finir par ressentir du désir sexuel, or cette personne n’étant pas capable de gérer ce type de désir, se retrouve en couple avec une personne vulnérable, et sans savoir se contrôler !
La situation des personnes demisexuelles est donc de nature complexe, ne pouvant avoir de relation équilibrée, ni avec une personne sexuelle, ni avec une personne asexuelle. De plus parmi les personnes se définissant comme asexuelles, il y a de nombreuses personnes qui ne le sont pas réellement ; d’un coté, il y a des personnes présexuelles, c’est à dire qui ne ressentent pas encore de désir sexuel. Ceci est mis en évidence par l’age moyen plus faible des personnes asexuelles par rapport aux personnes sexuelles. D’un autre coté, de nombreux cas relevant de la pathologie se cachent parmi la population qui se définit comme asexuelle. Parmi les cas les plus fréquents, on pense souvent au trouble du désir sexuel hypoactif, mais il y a de nombreux autres cas, allant de la dépression aux troubles autistiques, sans compter des femmes d’un certaine age à qui il faut expliquer qu’il est normal de ne plus avoir de désir après la ménopause.
Tout comme l’homosexualité, l’asexualité n’est pas innée, les facteurs favorisant l’asexualité sont d’ailleurs proches de ceux qui favorisent l’homosexualité. On notera les troubles de l’attachement et le manque d’un parent, les violences scolaires ou domestiques ou encore les abus sexuels. Assez souvent, les personnes asexuelles et demisexuelles sont sujettes aux problèmes psychologiques.
Tout ceci pour dire, non, le concept de demisexualité n’est pas d’une bizarrerie pour décrire une personne normale. Les personnes demisexuelles sont des personnes souvent blessées et qui rencontrent des difficultés dans leur vie relationnelle. Plutôt que d’agir avec mépris, la charité chrétienne nous invite à respecter les blessures de ces personnes qui rencontrent déjà suffisamment de difficultés pour établir une vie relationnelle normale.
Benjamin Leduc