Sur son blog le Père Simon Noël, osb, revient avec une certaine hauteur sur les troubles et les tensions qui animent les catholiques autour de diverses positions du pape. Après une point sur l’actualité, un regard sur l’histoire, le moine de Chevetogne passe en revue quelques questions tendues : Malte, les Franciscains de l’Immaculée, la Chine, l’immigration…
(reprise estivale d’un article du 11 février 2017)
N’ayant nullement les moyens de prendre positions, car nombres de choses sont encore obscures et demeurent cachées (parce que certaines n’ont pas à être dévoilées), nous publions plusieurs avis sur la question afin d’éclairer nos lecteurs sur “ce trouble”
Extrémistes et modérés
En lisant les sites qui commentent l’actualité religieuse, depuis déjà pas mal d’années, on peut constater une opposition au sein de l’Église entre deux courants ou sensibilités. Certains prônent une évolution incessante de l’Église, une adaptation aux réalités du monde contemporain, une ouverture aux autres confessions ou religions, un engagement en politique qui valorise les valeurs de la gauche, une liturgie proche du peuple. D’autres par contre veulent la fidélité à la doctrine, une critique serrée du monde actuel, une affirmation claire du seul salut en Jésus-Christ, au sein d’une seule et vraie Église du Christ, un combat politique pour la défense de la vie et de la famille, une liturgie qui ait le sens du sacré, de l’adoration et du silence.
Chacun de ces courants a ses extrémistes. Et certains de ces derniers expriment des opinions qui s’approchent du délire mental. Que n’a-t-on pas pu lire naguère sur le pape Benoît XVI et que ne lit-on pas maintenant sur le pape François ? A en croire certains, l’Église serait comme un de nos parlements avec une droite et une gauche et il y aurait au sommet une alternance des gouvernements, comme celle qui existe dans nos démocraties modernes. Ainsi, au lieu d’être simplement catholique, on deviendrait d’abord l’homme d’un parti.
Il y a aussi entre ces extrêmes, des opinions plus modérées et plus nuancées : ceux qui ont sans doute une sensibilité plus forte avec l’un ou l’autre de ces courants, mais qui savent encore raison garder. Jésus a prié pour l’unité de ceux qui croiraient en lui : De même que toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient en nous, afin que le monde croie que tu m’as envoyé (Jn 17, 21). Saint Paul de son côté écrit aux Corinthiens : J’ai appris à votre sujet, mes frères, par les gens de Chloé, qu’il y a des disputes parmi vous. Voici ce que je veux dire : chacun de vous dit : « Moi, j’appartiens à Paul, moi à Apollos, moi à Céphas, moi au Christ. » Le Christ est-il divisé ? Paul a-t-il été crucifié pour vous ? Est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés ? » (1 Cor 1, 11-13). La question est donc bien celle-ci : sommes-nous d’abord chrétien catholique (universel dans le temps et l’espace) ou l’homme d’un parti ? Il me semble qu’à partir du moment où notre vie spirituelle baisse, par manque de prière profonde et d’enracinement dans le Christ, on risque vite de devenir d’abord l’homme d’un parti et de tomber dans le jugement face à ceux qui ne pensent pas comme nous. Une vie spirituelle profonde et authentique est le garant d’un équilibre spirituel qui nous préserve de toute forme d’extrémisme et favorise en nous une aptitude au discernement qui nous permette de juger plus calmement l’actualité religieuse. Il serait donc souhaitable que ceux qui ne tombent pas dans le piège de l’extrémisme, quelle que soit pour le reste leur sensibilité, apprenne à privilégier l’unité de l’Église et à relativiser les différences d’opinions et de sensibilités.
Un peu d’histoire
L’histoire de l’Église peut aussi nous aider à garder le calme dans les tensions d’aujourd’hui. Car les divergences et les oppositions ont toujours existé. Il y a eu toujours des extrémistes. La plupart du temps ils ont été condamnés par le magistère et ont été jugés sévèrement dans la suite par les historiens. L’Église a la plupart du temps suivi une voie médiane, condamnant les extrêmes et discernant une solution qui réalise une unité supérieure, en retenant ce qui était juste dans les différents courants qui s’affrontaient. Les controverses actuelles au sujet d’Amoris laetitia me rappellent le vieux débat entre laxistes et rigoristes, entre jésuites et jansénistes. Les jansénistes étaient vus par les jésuites comme hérétiques, des pseudo-protestants infiltrés dans le catholicisme. Les jansénistes considéraient les jésuites comme des casuistes, des molinistes et des laxistes. Saint Alphonse de Liguori a tracé la voie moyenne dans sa théologie morale. Il a condamné aussi bien les laxistes que les rigoristes, fidèle en cela aux divers documents magistériels sur le sujet, et il a trouvé des solutions ingénieuses pour dépasser les controverses entre moralistes, autorisées par l’Église, notamment celles entre probabilistes et probabilioristes. Le saint curé d’Ars avait été formé par un prêtre plutôt rigoriste. Dans un premier temps il fut un confesseur trop sévère et certaines plaintes parvinrent auprès de l’évêché. L’évêque demanda au saint curé de lire la théologie morale de saint Alphonse, qui commençait à être connue en France. Le bon curé apprit bien la leçon et il trouva dès lors dans la pratique de son ministère sa vitesse de croisière.
L’histoire de l’Église nous apprend aussi que dans les cas de controverses durables, on a vu à certains moments certains courants sembler gagner du terrain, et avoir les faveurs de la hiérarchie. Puis le balancier de l’histoire a ensuite été dans le sens contraire. La controverse janséniste a duré plus de cent ans et on a vu des évêques opiné dans l’un et l’autre sens. Au point que dans la France du XVIIe siècle, on relève l’existence de deux sortes de catéchismes diocésains. Selon les diverses tendances épiscopales, on avait ici des catéchismes d’inspiration augustinienne, basés sur l’histoire du salut, et là des catéchismes d’inspiration jésuite, basés sur une la triple division : les articles du credo, les commandements et les sacrements. Ces divers catéchismes exprimaient sans doute la même foi catholique, mais avec des nuances subtiles. Ainsi, les augustiniens voyaient d’abord dans l’eucharistie le sacrifice d’adoration. Les Jésuites privilégiaient la communion, la participation sacramentelle à la messe. On a vu ainsi s’amorcer le débat sur la communion fréquente.
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Nous pouvons dans cet esprit que je viens de montrer regarder de plus près quelques événements de l’actualité religieuse et poser sur ceux-ci un jugement qui, je l’espère, sera pondéré.
L’ordre de Malte, les franciscains de l’Immaculée et la question chinoise
L’attitude du saint Père dans les affaires de l’ordre de Malte, dans celles qui concernent les franciscains de l’Immaculée ou la manière dont sont envisagées les relations avec la Chine, sont la source d’une perplexité réelle chez pas mal d’observateurs. Un bon connaisseur de la situation chinoise, avec qui je parlais récemment, me confiait qu’il était évident pour lui que le pape était très mal conseillé dans cette offensive d’ordre diplomatique. Il me disait savoir de source sûre que certains ecclésiastiques, favorables à un changement d’attitude de l’Église dans la question chinoise, étaient en fait de véritables agents du gouvernement chinois, ce dernier allant peut-être jusqu’à les soutenir financièrement. L’attitude décidée, voire autoritaire, du pape, vis-à-vis de l’ordre de Malte et des franciscains de l’Immaculée, peut soulever de légitimes inquiétudes. Mais il y a cependant deux choses à observer. La première est que déjà au temps où il était archevêque de Buenos Aires, le cardinal Bergoglio avait une estime certaine pour le travail pastoral de la Fraternité Saint Pie X. Comme pape, il vient de confirmer pour les prêtres de cette fraternité le pouvoir de juridiction, qu’il leur avait accordé pour l’année de la miséricorde. Il n’y a donc pas en fait une volonté manifeste chez le saint Père de faire la guerre au mouvement traditionaliste. Dans la question de l’Ordre de Malte et dans celle des franciscains de l’Immaculée, le fond de la question n’est pas connu. Certaines choses sont peut-être restées cachées, notamment des choses qui ont pu être dites, lors d’entretiens qui sont restés secrets. Dans cette question, le plus prudent serait de faire confiance a priori à l’autorité. Si le pape agit dans un certain sens, et reste discret sur ses motivations réelles, on doit patienter et faire confiance, jusqu’à ce que la pleine lumière soit faite. Ceci dit, certains peuvent avoir des informations sûres qui tendent à prouver une forme d’injustice dans l’exercice de l’autorité. Un désaccord, complet ou partiel, avec le pape serait pour eux une chose légitime. Mais je crains que certains, ayant des préjugés au départ contre le pontife, n’aille un peu vite en besogne. Une critique du pontife romain est donc possible, mais elle doit se baser sur des faits certains et non sur des préjugés. Saint Robert Bellarmin, docteur de l’Église, non suspect de manque de loyauté envers le Saint-Siège, eut un désaccord avec le pape Clément VIII et il dut s’éloigner de Rome. Ici c’est le cardinal qui est saint et non le pape. Toute la vie de Saint Robert Bellarmin a été un service ardent, passionné de l’Église et du Souverain Pontife. Mais cet amour de l’Église et du Pape a été assez fort pour que Saint Robert Bellarmin ose parler avec sa liberté de prophète. Saint Robert Bellarmin a su dénoncer les abus de la Cour romaine, rédigeant à l’adresse de Clément VIII un mémoire dénonçant les grands abus qui sévissaient dans son entourage. Sans platitude, Saint Robert Bellarmin eut le courage de soutenir que le Pape n’avait qu’un pouvoir indirect sur les États : en 1610, il publie Du pouvoir du Souverain Pontife dans les affaires temporelle, De potestate Summi Pontificit in rebus temporalibus, ce qui lui valut d’être mis à l’index.
Quelle opinion la prudence nous suggérerait-elle sur cette actualité pénible et dérangeante ? En ce qui concerne la Chine, il me semble que les prises de position nettement négatives du cardinal Zen face à la diplomatie actuelle du Saint-Siège sont celles d’un homme solide, bien au courant et courageux. Elles sont donc à prendre en compte. Elles émanent d’un véritable homme de Dieu et serviteur de l’Église. En ce qui concerne l’ordre de Malte et les franciscains de l’Immaculée, on peut penser que l’attitude tranchée de Rome, sans qu’on connaisse ses motivations réelles, soit une vraie source de perplexité. Et on ne pourra en sortir qu’à partir du moment où seront vraiment connus tous les tenants et aboutissants de ces affaires.
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Les querelles au sujet de la traduction du missel
Parlons maintenant de la querelle liturgique au sujet de la traduction du missel. Il semble que sur cette question Rome ait changé son fusil d’épaule. La traduction du missel romain en français risque d’être une montagne qui accouche d’une souris. Nous verrons tôt ou tard. On privilégierait une forme de décentralisation liturgique. Je n’ai plus guère d’espoir dans l’immédiat de posséder un missel vraiment conforme à l’original. Nous aurions le missel latin et une série de missels en langue moderne, différents les uns des autres, certains plus proches du latin, d’autres mettant en relief le génie particulier de telle ou telle langue. L’unité du rite romain céderait la place à une certaine diversité. Dans le rite byzantin, il existe en effet des variantes d’un pays à l’autre. Les rubriques slaves et grecques par exemple divergent sur certains points, sans parler des roumains ou des arabophones. Une certaine diversité n’est donc pas inhabituelle dans l’Église.
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La traduction du nouveau missel
La messe en rite romain à Chevetogne
Décentralisation et réforme de la curie
La décentralisation est à l’ordre du jour, ainsi que la réforme de la curie. Mais je crains que là nous soyons dans une totale illusion. La réforme de la curie est un vieux problème dans l’Église. Saint Pie X prit le taureau par les cornes, et, comme le pape François de nos jours, il dut souvent se résoudre à faire appel à des collaborateurs, indépendants de la curie. On sait aussi qu’il y eut des tensions entre saint Jean-Paul II et une curie qui ne voulait pas croire en la possibilité réelle d’un effondrement du communisme et préférait la ligne de la realpolitik antérieure. Mais suffit-il de fusionner des dicastères ou d’en créer de nouveaux ? Quelles que soient les structures, les hommes, avec leurs passions et leurs intrigues, restent les mêmes. On a dit à juste titre que l’Église n’a pas besoin de réformateurs, mais de saints! D’autre part, la décentralisation ne résoudra rien. Car les intrigants, les ambitieux et les assoiffés de pouvoir s’adapteront à la nouvelle situation. Au lieu de se tourner vers Rome, ils se tourneront vers les nouveaux centres de pouvoir que seront par exemple, les innombrables bureaux des conférences épiscopales. Au lieu de baisser, le problème va plutôt se multiplier. C’est pour cela que je dis que la décentralisation est un mythe ou une illusion. L’Église y perdra plus qu’elle n’y gagnera.
Les controverses au sujet d’Amoris Laetitia
Avec les dubia émis par les quatre cardinaux, les prises de position en des sens contraires prises par des évêques ou des groupes d’évêques, Amoris Laetitia continue à faire couler beaucoup d’encre. Si les choses ne s’apaisent pas, on va vers une confusion totale. Ce qui sera vrai dans tel pays sera une erreur dans le pays voisin. Le pape a une lourde responsabilité. Pour des raisons que j’ignore, il laisse pour l’instant le débat se poursuivre, mais, me semble-t-il, au détriment du bien des âmes. Mais là-dessus aussi, je veux lui laisser le bénéfice du doute. Il a peut-être de bonnes raisons de garder le silence. Le débat n’est pas clos et l’histoire de l’Église m’apprend qu’il y aura une suite tôt ou tard, d’autres documents du magistère qui finiront bien par répondre à nos interrogations.
Dans la situation présente, que nous dit la prudence ? D’abord qu’il y a des théologiens et des évêques qui dévient doctrinalement. Tout cela s’est déjà vu dans l’histoire. La situation actuelle nous fait le devoir de nous former doctrinalement à bonne école. Nous discernerons ainsi ce que l’Église persiste à nous enseigner. En ce qui concerne Amoris Laetitia, je voudrais ici mentionner les deux études parues dans le n° 4 de l’année 2016 de la revue thomiste, revue non suspecte de relativisme. Ces études solides, dues au P. Valuet et au P. Michelet, nous aideront à garder une théologie sereine et équilibrée sur les problèmes de pastorale et de morale, fidèle au magistère et à la théologie morale traditionnelle. Tenons-nous-en à l’article du P. Valuet : Amoris Laetitia, le chapitre VIII est-il une révolution ? L’auteur nous présente d’abord le document pontifical comme un texte d’exhortation pastorale, ce qui est l’intention expresse du saint Père, qui n’entend pas donc trancher définitivement toutes les controverses par un enseignement dogmatique. Il ne requiert donc pas de nous un assentiment complet de l’intelligence et de la volonté comme le ferait une encyclique tranchant un point controversé de doctrine. Néanmoins, à l’instar du concile Vatican II, d’une certaine manière, ce texte éminemment pastoral contient par endroit des affirmations doctrinales, qu’il nous faut prendre en compte comme telles. Voici la conclusions du P. Valuet, à la fin de son article. Amoris laetitia réaffirment avec force certains points du magistère de l’Église et ces points engagent l’infaillibilité de l’Église : par exemple, les fautes graves peuvent toujours être évitées avec l’aide de la grâce ; il existe des actes intrinsèquement mauvais au point de vue objectif, qui ne se justifient jamais, même pour éviter un plus grand mal ; la fornication et l’adultère font partie de ces actes intrinsèquement mauvais ; un remariage civil est un adultère, selon l’enseignement si clair de Notre-Seigneur ; la personne en état de péché mortel, pour recevoir le pardon sacramentel, doit avoir la contrition, au moins imparfaite, et le ferme propos de ne plus commettre les péchés mortels dont elle a conscience ; enfin, un péché objectivement grave est un péché véniel et n’empêche pas la communion eucharistique, si lui manque la pleine advertance ou le plein consentement. Le saint Père n’a donc en rien transigé avec la doctrine de l’Église. Par contre une avancée magistérielle a été opérée dans l’exhortation du pape, en continuité avec le magistère antérieure. Je cite ici la conclusion prudente du P. Valuet, dont tous les termes doivent être pesés avec soin : « le pape François voulait préciser, par un développement doctrinal homogène, que, au moins en certains cas, la conscience qui ne perçoit pas la vérité ou du moins l’importance de la norme, ou encore la possibilité de l’accomplir (du moins avec l’aide de la grâce) sans commettre de nouveaux péchés, peut bien rentrer dans le cas où les circonstances réduisent l’imputabilité de son péché objectivement grave au point de le rendre tout au plus véniel, au point de vue subjectif, celui du péché formel » (Revue thomiste, 2016, 4, p. 617). C’est donc au niveau d’une étude de toutes les circonstances subjectives que doit se poursuivre le débat sur l’exhortation apostolique, entre théologiens moralistes, et la matière de ce débat est presque infinie. Certains seront peut-être trop rigoristes et d’autres trop laxistes. Le débat pourra se poursuivre encore longtemps sans doute, mais, comme dans les débats sur la grâce du XVIIe siècle, il faut s’attendre tôt ou tard à des décisions du magistère, qui clarifieront l’un après l’autre les points controversés.
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Problèmes de l’immigration et question écologique
On pourrait aussi évoquer les prises de position du pape sur les migrants ou l’écologie. Ils irritent un certain nombre de catholiques sincères. Là-dessus, rappelons que le pape jouit de l’infaillibilité, sous certaines conditions, en matière doctrinale, lorsque cela concerne la foi ou les mœurs. Le pape ne jouit donc nullement de l’infaillibilité sur des questions politiques, sociales, économiques, scientifiques ou historiques. Il n’y prétend d’ailleurs pas. J’oserais d’ailleurs dire que sur la politique, un chef d’état chrétien jouit davantage de l’aide du Saint-Esprit que le successeur de Pierre. Car la Providence divine s’intéresse tout autant à la marche des affaires de ce monde qu’à celles de l’Église et l’autorité politique est aussi voulue par Dieu. Ceci dit, ce n’est pas parce qu’il est faillible dans ces domaines, que le Pontife romain a nécessairement tort. L’histoire nous prouve en effet que les papes ont eu souvent plus de clairvoyance sur les questions humaines que beaucoup de leurs contemporains. Mais dans l’enseignement pontifical sur ces questions, qui est un enseignement prudentiel par sa nature, ce qui est exigé de nous c’est une obéissance de volonté, non pas nécessairement l’adhésion intellectuelle. Il faut aussi ne jamais isoler une affirmation du pape de son contexte et tenir compte de tout ce qu’il dit, sous peine de la cataloguer un peu vite à droite ou à gauche. Ainsi sur la question des migrants, il y a un double appel lancé par le pape : celui de la générosité dans l’accueil, mais aussi la nécessité de la prudence et de l’intégration des nouveaux venus. Parfois la vision large du saint Père peut nous ouvrir des perspectives insoupçonnées du commun des mortels. La venue de musulmans dans nos pays en a amené certains à découvrir la foi chrétienne et à faire le pas de la conversion. D’autre part le radicalisme de certains peut nous aider à reprendre conscience du relativisme moral de nos sociétés. Quant à la question écologique, il est prudent de tenir compte du fait que les scientifiques n’ont pas une position unanime sur la question du réchauffement climatique. On a peut-être le tort de s’inquiéter trop vite sur ce sujet. Néanmoins, le pape a raison de dénoncer la société de gaspillage dans laquelle nous continuons à vivre.
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J’ai donc abordé quelques aspects de cette actualité religieuse qui nous rend parfois perplexes. Mais j’espère ainsi avoir pu aider certains de mes lecteurs à en relativiser quelque peu l’objet.