Courrier d’un lecteur – “Catholicisme ou consensualisme ? Voici pourquoi ils ont (très mal) choisi.”

Courrier d’un lecteur – “Catholicisme ou consensualisme ? Voici pourquoi ils ont (très mal) choisi.”

” Bonjour,

A. Peut-être les jeunes catholiques qui lisent, entre autres, Infocatho, et qui sont nés après la fin des années 1990, ne le savent-ils pas tous, même si, bien sûr, en présence de tant de prises de parole et de position catholiques moins courageuses que doucereuses et plus irénistes que réalistes, ils se doutent bien que quelque chose ne va pas, au sein de l’Eglise catholique, au moins en France et en Europe, sinon dans l’ensemble du monde occidental.

B. Or, si nous en sommes là où nous en sommes, avec des intellectuels, des journalistes, des théologiens, des évêques catholiques (mais non pas tous) qui tiennent aussi souvent un discours fade, gris, mou, tiède, à propos des autres confessions chrétiennes, des religions non chrétiennes, de l’homme et du monde contemporains, de telle actualité présente au sein de l’économie ou de la société, c’est pour la raison suivante.

C. Ces clercs catholiques, au sens large, sont les continuateurs, en ce début de XXI° siècle, de toute une stratégie globale, qui a été placée par d’autres clercs, dès le milieu du XX° siècle, sous le signe de l’assimilation ou de la subordination du catholicisme à du consensualisme et du christianisme à de “l’humanisme”.

D. Depuis bientôt trois quarts de siècle, nous sommes en présence de clercs catholiques qui, sauf exceptions, préféreront toujours la consensualisation ecclésio-mondaine, interconfessionnelle, interconvictionnelle, ou interreligieuse, à une évangélisation courageuse et dissensuelle, promotrice, d’une manière contrapositionnelle, de Jésus-Christ, mais aussi du respect des vertus surnaturelles, des vertus naturelles, de la loi naturelle, et de la vérité.

E. Contrairement à une légende tenace, qui attribue l’apparition du phénomène au Concile Vatican II, l’acte de naissance de cette stratégie globale de consensualisation, et non pas d’évangélisation, ou “d’humanisation”, et non pas de christianisation, date de l’année 1945, de la fin de la seconde guerre mondiale.

F. En gros, l’idée-force qui est à l’origine du raisonnement qui a donné naissance à cette stratégie globale est à peu près la suivante : il a été considéré globalement, à partir de 1945,

– que les deux courants de pensée et d’action qui ont alors été vaincus, le fascisme et le nazisme, sont les deux seuls courants dont les fondements et les contenus sont incompatibles et inconciliables avec le christianisme, et même avec le plus élémentaire humanisme (alors qu’en fait il y en a bien d’autres !),

et

– qu’il est  légitime et nécessaire, pour les catholiques, de chercher constamment et de trouver fréquemment des terrains d’entente avec les autres courants de pensée et d’action (l’individualisme, le collectivisme, etc.) d’autant plus que ceux-ci se sont coalisés, entre 1939 et 1945, pour vaincre le fascisme et le nazisme.

Cette considération a été couplée avec une autre considération, elle-même située au point de jonction d’une approche “historiciste” ou “périodiciste”, et d’une approche “axiologique” et “personnaliste” : selon cette deuxième approche, l’Eglise catholique peut et doit d’autant plus passer d’un discours controversiste à un discours consensualiste que nous sommes désormais en présence d’une nouvelle période de l’histoire,

– grâce à laquelle, pour ainsi dire, la conscience humaine est en train de devenir de moins en moins errante, dans l’ordre du croire et dans celui de l’agir,

ou

– au sein de laquelle, en quelque sorte, la personne humaine est en train de devenir de moins en moins faillible, dans les sphères de la foi et des moeurs,

(sauf bien sûr notamment dans le cas des personnes qui sont tentées par une attitude que l’on qualifie fréquemment, aujourd’hui, d’europhobe, d’homophobe, ou d’islamophobe, même quand cette attitude est seulement culturellement vigilante et résistante face à l’euro-atlantisme, à l’homosexualisme, et à l’islamisation de la France et de l’Europe.)

G. A cause de l’erreur manifeste d’appréciation axiologique qui a donné naissance à la pétition ou position de principe qui a fondé cette stratégie globale,

a) nous avons été, avant-hier, en présence de clercs catholiques qui ont considéré en substance que l’atlantisme hédoniste, d’une part, le communisme et le socialisme, d’autre part, n’avaient rien de fondamentalement incompatible ou inconciliable avec le christianisme catholique, et n’étaient pas, ou n’étaient plus, intrinsèquement pervers, seuls des “abus” ou des “excès” devant être déplorés,

et

b) nous sommes aujourd’hui en présence d’autres clercs catholiques, qui considèrent globalement que la soumission de l’esprit public et du corps social

– à un anthropocratisme libéral-libertaire et progressiste-transgressif, fallacieusement émancipateur de l’homme en ce monde, d’une part,

– à un théocratisme “aléthicide” et “liberticide”, fallacieusement unificateur des hommes en Dieu, d’autre part,

n’ont rien de fondamentalement incompatible ou inconciliable avec le christianisme catholique, ou n’ont aucun caractère intrinsèquement pervers.

H. Jusqu’où l’actualisation de cette utopie de la deuxième moitié du XX° siècle (car il ne s’agit pas d’une “hérésie du XX° siècle”, à proprement parler), pourra-t-elle aller, en ce premier quart du XXI° siècle, pendant puis après le pontificat actuel ? Qui ne voit que la poursuite du déploiement de cette utopie peut aller et, en réalité, va déjà, jusqu’au musèlement, ou jusqu’à la persécution, de certains catholiques, non consensualistes, par d’autres catholiques, très consensualistes ?

I. Par ailleurs, pourquoi donc tant de clercs catholiques d’aujourd’hui, qui sont les continuateurs de ceux d’avant-hier, persévèrent-ils, le long de cette même ligne de pensée et d’action, bien moins christianisatrice “qu’humanisatrice”, et bien plus consensualisatrice qu’évangélisatrice, alors que certains d’entre eux, tout de même, se rendent bien compte du caractère contre-productif de cette stratégie globale de conciliation avec l’esprit du monde, en ce que celui-ci a de plus propice au maintien ou à la mise à distance, vis-à-vis de Jésus-Christ ?

J. Parmi plusieurs explications possibles, il y a au moins celle-ci : nous sommes fréquemment en présence de clercs qui prennent bien soin de dire ce qu’ils disent, de taire ce qu’ils taisent, ET DE FAIRE TAIRE CEUX QU’ILS FONT TAIRE, exactement comme s’ils étaient persuadés qu’un chrétien a vocation, non à essayer de voir les divers courants de pensée comme ils sont, mais à réussir à les voir bien meilleurs, ou en tout cas bien moins mauvais, qu’ils ne sont.

K. Nous sommes ainsi en présence d’un véritable détournement de finalité du célèbre : “Voir, Juger, Agir”, en direction d’un autre positionnement, consensuel, oh pardon, pastoral :

– voir, juger, agir, le moins fermement et fortement possible, en présence des courants de pensée éloignés ou hostiles à la foi surnaturelle et à la loi naturelle,

mais aussi, désormais,

– “cheminer”, “dialoguer”, “discerner”, puis se rallier, voire se soumettre,

dans le cadre d’un “accompagnement humanisateur” de toutes les aspirations, évolutions, inspirations, orientations, même les plus éloignées ou opposées au respect et au souci des vertus surnaturelles et des vertus naturelles.

L. Ce qui précède constitue une tentative de formulation sur ce que bien des jeunes catholiques, qui auront, au maximum, trente ans, en 2020, ont tout intérêt à savoir et à comprendre, alors que les origines de la vision selon laquelle le christianisme catholique peut et doit être en permanence en conciliation presque générale ou quasiment permanente avec telle mentalité ou moralité dominante, caractéristique du monde contemporain, sont rarement expliquées.

Cette explication sur les origines de cette consensualisation généralisée est néanmoins indispensable à la compréhension du fait que nous avons connu, successivement, des clercs catholiques, au sens large, d’abord “communisants”, avant-hier, ensuite “socialisants”, hier, et enfin “sociétalisants”, aujourd’hui, et à celle de la place prise, dans le catholicisme contemporain, par ce mot magique :

“le dialogue”, “le dialogue”, “le dialogue”, le moins contraignant et contrariant possible, ou le moins éclairant et exigeant possible, notamment en direction des non catholiques, des croyants non chrétiens, et des non croyants.

Bonne journée.

Un lecteur. “

 

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