Suite aux propos du cardinal Tauran sur les frottements entre musulmans et catholiques, du fait de leur prétention universaliste, un lecteur nous envoie son point de vue.
Au préalable, on peut commencer ces quelques lignes en précisant ou en rappelant que ce n’est pas avant tout le terrorisme qui “mine le dialogue”, c’est avant tout l’appel au terrorisme qui mine le dialogue, et la question est de savoir si nous avons encore assez de courage et de franchise pour dire qui prend appui sur quoi pour appeler qui au terrorisme, avant tout, sinon seulement, contre qui.
D’une part, il y a de la violence, à tout le moins en puissance, en chacun d’entre nous, mais la question est de savoir s’il y a autant d’appels à la violence dans le Nouveau Testament que dans l’équivalent du Nouveau Testament pour les croyants qui relèvent de telle ou telle religion ou tradition croyante non chrétienne.
D’autre part, c’est, bien sûr, le dialogue ET la guerre, au moins depuis le début de l’année 1979, et non pas, évidemment, le dialogue OU la guerre. C’est ainsi, je n’y peux rien, je ne m’en réjouis pas du tout, mais moi au moins je ne le dissimule pas.
En outre, ce n’est pas avant tout ni seulement pour des raisons démographiques, territoriales, culturelles, sociales, historiques, qu’il y a “des frottements” entre deux religions “à vocation universelle” : c’est aussi parce que l’une des ces deux religions, bien pensée et bien vécue, est plutôt propice à la liberté et à la responsabilité individuelles, et parce que l’autre de ces deux religions, même bien pensée et bien vécue, est plutôt propice à l’autorité et à l’identité collectives.
Enfin, comment et pourquoi ne pas se réjouir, en présence d’une telle fermeté ou d’un tel franc-parler, de la part du cardinal Tauran, alors que de tels propos ont si souvent fait défaut, en provenance de tant de théologiens et d’évêques, depuis bientôt 40 ans ?
Je suis de ceux qui “se tuent” à le dire, depuis déjà quelques années : ne demandons pas aux musulmans de prendre avant tout appui, ou seulement appui, sur leur religion, pour commencer ou pour continuer à rechercher le bien commun et la vérité objective, et à respecter la loi naturelle et la personne humaine.
Demandons plutôt à tous, et notamment aux musulmans, de commencer ou de continuer à tirer parti de leur condition humaine, pour mettre en oeuvre une conduite humaine, dans le respect et le souci de la dignité et de la justice, de la vérité et de la liberté, y compris de la liberté responsable en matière religieuse, l’exercice de cette liberté responsable n’étant pas réservé aux être humains qui sont situés à l’extérieur d’une religion ou d’une tradition, quelle qu’elle soit.