Nous poursuivons notre exploration de l’anthropologie chrétienne, en commençant par le commencement, les sens.
Nous pensons à nos 5 sens pour le côté agréable qu’ils peuvent susciter en nous. Une bonne odeur de rose, un paysage de montagne nous procurent des « sensations » par le moyen précisément de nos sens. Mais, restant au premier effet du plaisir (ou du dégoût son revers), nous oublions que nos sens seuls ne sont que de simples capteurs. Simples, mais indispensables. Imaginez-vous privés de vos 5 sens. Plus rien n’entrerait en vous, vous seriez coupés du monde. Tel est l’usage premier de nos sens : nous mettre en contact avec l’extérieur. Ils captent les milliers d’informations que nous allons archiver (consciemment ou non). Que ce soit par l’expérience (le souvenir d’une odeur de thym, le goût indépassable de l’huile de foi de morue) ou par la formation intellectuelle (une lecture, une formation), tout ce qui entre en nous vient par nos sens. Ces derniers sont des capteurs actifs et passifs. Passifs car il faut quelque chose d’extérieur pour les activer. Actifs car ils sont pratiquement toujours prêts. Ainsi, ma vue pour voir a besoin d’être sollicitée par quelque chose à voir. Mes papilles pour goûter doivent être mises en éveil par l’acidité du citron sur ma langue. Ce qui est important dans ce rapport au monde c’est que ce sont les choses extérieures à nous qui viennent stimuler notre capacité à entendre, à voir, à toucher… Nos sens ne font que capter l’information et la transmettre à l’âme (d’aucuns diront, de façon réductrice, le cerveau). Et c’est bien l’âme, par ses deux dimensions (intelligence et volonté), qui va décider que faire de l’information. C’est-à-dire impulser une réaction qui sera toujours dépendante du souvenir associé dans la mémoire à l’information reçue. Ainsi, un bruit sera neutre pour l’un et chaleureux pour d’autres, parce que l’information brute transmise par les sens est automatiquement retravaillée par l’âme qui peut réagir rationnellement ou non. En sentant le parfum autrefois porté par son tortionnaire, une victime associera immédiatement au parfum l’émotion de sa captivité. De fait, soit l’intelligence parvient à rationaliser l’information et donc à la dominer, soit elle n’y parvient pas et alors c’est l’information qui dominera l’âme. De là les passions comme la peur, la colère, mais aussi la joie, l’amour, chacune dans leur mode propre que nous aurons l’occasion de déployer.
Pour aller plus loin Connais-toi toi-même, les fondements de l’anthropologie chrétienne.