La tristesse peut s’exprimer de bien des manières, mais elle a toujours pour déclencheur un désir non accompli. Avant d’être un sentiment, c’est une passion de l’âme, c’est-à-dire une capacité que nous avons tous à être triste. Cette capacité est dormante tant que nous n’avons pas de raison d’être triste. Comme passion elle est directement reliée à l’amour, au désir. Au fond la tristesse est une des réactions de notre âme face à un désir non comblé. Rappelons que le désir est le moteur de l’amour, il est cette tension de tout notre être vers quelque chose qui suscite notre attrait. Lorsque l’âme n’a pas ce qu’elle désire, tout un ensemble de mécanismes se met en place. Soit nous passons à autre chose, soit nous partons à la conquête de notre désir et nous finissons par en jouir, soit ce désir est inaccessible, mais nous ne parvenons pas à passer à autre chose. Ici plusieurs réactions sont possibles : je me révolte parce que je trouve cela injuste et je tombe dans la colère ; je suis pris de haine ou de jalousie ; ou je ne peux rien faire et je suis gagné par la tristesse. C’est une manière de tourner autour sans lâcher prise. Ainsi Victor Hugo chérissait ses larmes qui maintenaient en vie sa fille. La perte d’un bien ou d’un être cher cause la tristesse en ce sens qu’elle est la privation d’un amour dont on ne se résout pas à la perte. Ainsi, faire son deuil n’est pas oublier, mais peu à peu ne pas se laisser dominer par cette passion qui si elle n’est pas régulée devient tyrannique et conduit à sa phase extrême, le désespoir.
Pour aller plus loin, Connais-toi Toi-même, les fondements de l’anthropologie chrétienne