Congrès des aumôniers de prisons : “Dieu ne m’a pas abandonné, la preuve, c’est que vous êtes là”

Congrès des aumôniers de prisons : “Dieu ne m’a pas abandonné, la preuve, c’est que vous êtes là”

Du 12 au 14 octobre 2018 s’est tenu le Congrès national de l’Aumônerie catholique des prisons à Lourdes. Les aumôniers de la Maison d’arrêt de Fleury-Mérogis (Essonnes) partagent leurs expériences de l’univers carcéral.

L’équipe d’aumônerie est signe d’un Dieu qui sauve, qui certes condamne le péché mais pas le pécheur, d’un Dieu miséricordieux qui se fait proche de celui qui souffre et a fait souffrir, d’un Dieu qui nous redonne confiance en notre avenir. Auprès des personnes détenues, mais aussi, à l’occasion, dans l’écoute des personnels pénitentiaires.

Visite en cellule, groupe biblique, messe dominicale, autant d’occasions pour écouter, accompagner, échanger, prier et cheminer ensemble, admirer la recherche sincère et sérieuse à laquelle s’attellent beaucoup de personnes, coupées de tout à cause de leur incarcération et faisant la vérité de ce qu’elles ont vécu, de ce qui les a amenés au délit ou au crime, vérité de leurs relations familiales et amicales, de ce qui est finalement essentiel pour elles. Voilà qui nous plonge au cœur de notre propre humanité, éclairés nous aussi par la manière dont le texte biblique devient « Parole » pour les personnes détenues. Quand on s’est « pris le mur », on est souvent plus humblement ouvert au travail de la Grâce en nous… « En prison j’ai pris le temps d’aller à l’église et écouter la Parole du Seigneur. Ce sont ses mots qui m’ont mis sur la bonne voie, appris à pardonner et qui me donnent l’envie de vivre.  Ses mots m’ont changé la vie. » Ainsi nous voyons à l’œuvre cette parole « Si notre cœur nous accuse, Dieu est plus grand que notre cœur, et il connaît toutes choses. » (1Jn3,20)

Bien sûr tout n’est pas simple ; se sentir démuni devant tant de détresse, quels que soient les bienfaits de notre écoute et présence bienveillante, évoluer dans un milieu facilement violent (sauf contre nous…), ne pouvoir circuler ou regrouper les personnes détenues comme espéré en raison d’incidents, de mouvements internes, d’erreur de procédure ou manque de personnel ou de place, affronter parfois les critiques de personnes « libres », ne comprenant pas ce que signifie « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. » (Marc 2,17)

Mais servir comme aumônier ce n’est pas de l’héroïsme ! les quelques dons et prédispositions, certes utiles, ne sont rien si l’on n’est pas prêt, avec et par les personnes détenues à se découvrir soi-même sans cesse indigent de l’amour, apprenti de la vie et bien sûr chercheur dans la foi…  Alors nous devenons signe les uns pour les autres de l’accueil de Dieu pour chacun de nous, tels que nous sommes. Cet accueil inconditionnel est source de conversion, l’Esprit travaille dans les vases d’argiles les plus fragiles et esquintés… voilà qui nourrit notre Espérance…

Notre congrès à Lourdes nous fait entrer dans une démarche de vérité : quelle fraternité vivons-nous déjà et sommes-nous appelés à vivre d’avantage, avec les personnes détenues, les autres nombreux acteurs en milieu pénitentiaire notamment les autres aumôneries, et entre nous ? La diversité des intervenants, en plénière, dans les ateliers et forum, reflète efficacement notre thème ! et Dominique CHARLES o.p., bibliste, nous a rappelé que nous sommes frères à un triple titre :  nous appartenons à la même humanité crée par un même Dieu, nous sommes tous pêcheur et contribuons tous au mal et nous sommes tous sauvés par le seul Sauveur du monde.

Des aumôniers de la Maison d’Arrêt de Fleury-Mérogis (91)

Source : CEF 

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