« Nulle part, dans la Bible, Jésus-Christ n’a jamais présidé une commission électorale » a affirmé de manière polémique le Président congolais, Joseph Kabila, lors d’une conférence de presse convoquée le 26 janvier pour faire le point de la situation politique, économique et de sécurité en République démocratique du Congo, 17 ans après son arrivée au pouvoir.
Lui a immédiatement répondu le Père Donatien Nshole, Secrétaire général et porte-parole de la CENCO (Conférence épiscopale nationale du Congo) en affirmant : « Le pape Benoît XVI disait que l’Eglise doit être présente là où la population souffre. C’est le cas en RDC. Et c’est la crise sociopolitique qui a accentué cette souffrance, donc c’est tout à fait normal que les évêques travaillent pour la consolidation de la démocratie ».
On se souviendra que les laïcs catholiques ont pris la tête des protestations visant à demander l’application des Accords de la Saint Sylvestre 2016, signés grâce à la médiation des Evêques et un engagement solennel de la part du Président Kabila, à ne pas se représenter en vue d’un troisième mandat.
Les élections présidentielles qui devaient se tenir d’ici la fin 2016, selon la Constitution, et d’ici la fin 2017 suivant les Accords de la Saint Sylvestre 2016, sont désormais prévues pour le 23 décembre prochain. Cependant, Joseph Kabila a affirmé que l’organisation des élections est trop complexe et trop coûteuse et qu’un jour il sera nécessaire de choisir entre le développement et le déroulement des élections. A un journaliste qui lui demandait s’il avait l’intention de se représenter, le Président a seulement demandé une copie de la Constitution à son équipe. Joseph Kabila, dont le second et dernier mandat arrivait à échéance le 19 décembre 2016, n’a jamais précisé s’il avait l’intention ou non de respecter la norme constitutionnelle.
Parlant de la Monusco, le chef de l’état congolais a lâché : « après 20 ans [de présence en RDC], on a l’impression qu’elle [la MONUSCO] a comme mission de rester ». « La Monusco n’a éradiqué aucun groupe armé dans l’Est de la RDC (…). Il a fallu que des terroristes décapitent des experts de l’ONU pour qu’elle ouvre les yeux », a déclaré Joseph Kabila. Il faisait ainsi référence à Michael Sharp et Zaida Catalán, ces deux experts onusiens qui ont été assassinés en mars 2017 dans la province du Kasaï, dans des circonstances qui demeurent floues. Et l’implication de certains agents de sécurité de la RD Congo n’est pas exclue, selon des enquêtes indépendantes.
« En définitive que retenir de cette conférence de presse si ce n’est l’image d’un Kabila qui ignore l’opposition, assume sa guerre contre l’Eglise catholique, ne dissimule pas son antipathie envers la MONUSCO et assume son bras de fer envers la Belgique, qui ne manque d’occasion de se montrer dure envers le pouvoir de Kinshasa », affirme news.cd, l’un des sites de nouvelles les plus lus à Kinshasa. S.Em. le Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, Archevêque de Kinshasa, a qualifié pour sa part le discours du Chef de l’Etat de « logorrhée » inutile.