Paris : La Conférence des évêques (CEF) s’est étonnée samedi de la “précipitation” à conduire “vers la mort” Vincent Lambert, dont les soins doivent être interrompus à partir de lundi sur décision médicale et contre l’avis de ses parents.
“Pourquoi cette précipitation pour le conduire vers la mort ?”, écrit dans un communiqué le groupe bioéthique de la CEF, déplorant que le gouvernement veuille passer outre l’avis du Comité international des droits des personnes handicapées (CIDPH) qui recommande la suspension de décision d’arrêt des soins – jugée légale par le Conseil d’Etat.
Dans un récent avis, ce comité de l’ONU a demandé que le traitement de ce patient en état végétatif depuis dix ans soit maintenu le temps de pouvoir examiner son dossier.
“Pourquoi ne pas attendre la réponse sur le fond de la part du Comité de l’ONU ?”, demande la CEF, rappelant que la France est signataire de la Convention relative aux droits des personnes handicapées dont cette instance est l’émanation.
“Pourquoi l’État français, qui met son honneur dans la promotion des droits de l’Homme, se dispenserait-il du respect de cette Convention pour M. Vincent Lambert ?”, poursuit le communiqué.
Samedi, les avocats des parents de Vincent Lambert ont eux aussi imploré Emmanuel Macron de faire “respecter les mesures provisoires réclamées” par le CIDPH.
Le 5 mai, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, avait toutefois assuré que la France n’était pas tenue “légalement” par l’avis de ce comité, qui va à l’encontre de plusieurs décisions de justice validant la décision médicale d’arrêter l’alimentation et l’hydratation de M. Lambert afin d’éviter un “acharnement thérapeutique”.
Dans son communiqué, la CEF questionne également le fondement même de cette décision en mettant en doute le raisonnement selon lequel le maintien des soins de Vincent Lambert s’apparenterait à une “obstination déraisonnable” telle que visée par la loi Claeys-Leonetti de 2016 sur la fin de vie.
“N’a-t-il pas le droit d’être nourri et hydraté par voie entérale puisque ce sont des soins de base auxquels tout être humain a droit ? À quels cas exceptionnels son hydratation et son alimentation actuelles correspondent-elles à une obstination déraisonnable ?”, demande la CEF.