Le Saint-Père a donné samedi sa dernière catéchèse de l’année de la miséricorde. Une sorte d’ite missa est qui invite les fidèles à une mission “inclusive”.
Par ce mot un peu moderne et bien dans l’air du temps, le pape François souhaite tout simplement engager les fidèles à aimer le prochain (c’est-à-dire celui que Dieu met à côté de nous) comme Dieu aime et pour cela à le regarder comme Dieu le regarde. En un mot, le pape invite, comme Jésus à aimer avec le regard de Dieu, c’est à dire à poser sur l’autre un regard bienveillant, miséricordieux plein d’amour comme celui que Jésus posa sur le jeune homme riche. “Il le regarda et l’aima” (Marc 10.1).
Rien de nouveau sous le soleil dirait le Qohelet, mais l’enseignement est à base de répétition. Ceci étant, le Saint-Père montre les effets pervers d’un regard différent de celui de Dieu. L’un ouvre et englobe l’autre comme le fils prodigue dans les bras du père, l’autre réduit à soi et ferme sur soi-même. L’un est bel et bien un ite missa est, l’autre est un rejet quel que soit ce rejet. En ce sens la miséricorde est inclusive. Elle fait entrer l’autre dans notre champ de responsabilité et d’amour. Ce qui ne veut pas dire se perdre dans l’autre ou digérer l’autre.
Dieu ne disparaît pas en ouvrant son cœur et nous ne fusionnons pas en Dieu.
Alors poussons un peu l’invitation pontificale en nous demandant ce qui permet au Père de poser ce regard “inclusif”. Précisément un amour qui à la fois accueille l’autre tel qu’il est et lui révèle en même temps le chemin qui le sépare de Lui. L’amour, c’est ce que le psalmiste trouve si difficile à équilibrer, est inséparable de la vérité. Pour aimer il faut être libre et pour être libre, il faut être dans la vérité.
L’élan du cœur qui nous dispose à embrasser le monde est en fait porté par l’assurance que donne la vérité, comme la connaissance de soi désinhibe la peur de l’autre.