Lorsque l’on parle avec certaines personnes du risque pour les enfants élevés par des couples de même sexe, ils nous répondent que de nombreuses études « scientifiques » montrent que ces enfants sont plus ouverts, épanouis et heureux que les autres enfants. Si l’on ose citer d’autres travaux mettant le contraire en évidence, ils prétendent que le chercheur l’ayant produite est un intégriste, et que son article a été invalidé, et que lui-même aurait reconnu la fraude. Pourtant, les études montrant que les enfants élevés par des couples de même sexe vont aussi bien ou mieux que les autres souffrent toutes de problème de méthodologie, que des rapporteurs consciencieux n’auraient pas dû laisser passer, s’ils ne les utilisaient pas eux-mêmes pour leurs fins. Nous allons donc résumer les principaux moyens utilisés par les « chercheurs » liés aux groupes LGBT pour produire les résultats soutenant leur idéologie.
Échantillons de convenance
Pour obtenir des données, par interview de personnes, il y a deux approches possibles (dira-t-on la bonne et la mauvaise ?) : soit on utilise un tirage aléatoire dans la population, ce qui donne un échantillon représentatif, soit on recrute des gens via un réseau (ce que l’on appelle un échantillon de convenance), ce qui donne de facto un échantillon biaisé. Regardons ce qui se fait dans la pratique, avec ce tableau issu d’une étude par Allen1 :
Il en ressort que la majorité des études n’utilisent pas un échantillon aléatoire, mais un échantillon recruté. Pour illustrer la méthodologie, le “chercheur” met des affichettes dans des lieux publics (gay-friendly de préférence) pour être contacté par des personnes intéressées par cette étude, souvent en sachant le but de la recherche. Ce qui provoque 3 inconvénients : la personne qui répond sera consciente que cette recherche sera dans le but d’améliorer la vision de son mode de vie et améliorera le tableau, celle dont la situation est périlleuse refusera de répondre pensant être un mauvais exemple, et finalement, uniquement les personnes fréquentant des lieux publics pourront être contactées par l’étude, ce qui exclut d’emblée les personnes marginales, à problème. Seules les études utilisant un recrutement ont pu montrer un mieux-être pour les enfants élevés par des couples de même sexe, les autres montrant au mieux un “pas de différence”. Une enquête sur recrutement demande moins de travail, et a un coût moindre qu’une enquête sur échantillon aléatoire, ainsi cette mauvaise méthodologie permet de faire rapidement une multitude de recherches et de saturer les médias par la quantité. Une pétition a été lancée pour demander le retrait de telles publications. Au passage, dans une vidéo de propagande intitulée “À nos enfants”, l’une des personnes interrogées présente une base de données, mélangeant des couples du Canada, de France et d’ailleurs, spécialement conçue pour faire des études montrant le bien-être des enfants élevés par des couples de même sexe.
L’échantillon amputé
Avoir un échantillon aléatoire n’est pas garant de sérieux ; en effet, l’étude Rosenfeld2, qui prétend ne pas voir de différence sur un grand échantillon, a en réalité tronqué sa population, comme expliqué dans son matériel et méthode, de tous les individus ayant déménagé dans les 5 années précédentes. Ceci n’est absolument pas rigoureux, puisque les déménagements ont un impact sur la réussite de l’enfant, et que les couples de même sexe sont plus mobiles que les autres. Comme les effets se cumulent, cette manipulation volontaire des données sert à effacer une partie des risques.
Échantillons de petites tailles.
Parmi les études sur échantillons aléatoires, certaines ont des effectifs très faibles. On doit reconnaître qu’avec 1 à 2% de personnes homosexuelles dans la population, obtenir de grands effectifs est complexe, mais un effectif réduit prive les résultats de toute puissance. C’est le cas par exemple des études de Wainright3,4, qui utilisent le même échantillon de 44 personnes pour plusieurs études.
On remarque que certains facteurs peuvent varier du simple au double, sans être significatif. On comprend mieux que de telles études ne voient aucune différence.
Le contrôle à la population générale
Certaines études, en particulier celles sur des échantillons recrutés, n’incluent pas de contrôle (“comparaison group size : None” dans le tableau plus haut). Ils comparent donc leurs données à la population générale. C’est par exemple le cas de l’étude australienne menée par Crouch5. Le principal problème est que cette population comporte aussi bien des enfants dans des familles biologiques intactes, des familles monoparentales, des familles recomposées, des familles adoptives et même des familles homoparentales.
Poser l’évaluation aux parents plutôt qu’aux enfants
Un même test peut donner des différences en fonction du chercheur. Paul Sullin a fait cette comparaison6 entre plusieurs études, dont une immense étude australienne.
En lisant le matériel et méthode, il ressort que dans le cas de l’étude australienne, ce sont les parents qui ont rempli le questionnaire pour leurs enfants. En connaissant la finalité, et bien entendu avec un échantillon recruté puisque les parents n’avaient pas l’obligation de rendre le test.
Sur ce sujet, il serait intéressant de poser simultanément le même questionnaire aux parents et aux enfants, ce qui pourrait montrer une différence d’évaluation entre le ressenti des parents et celui des enfants, en fonction de la structure familiale.
Les conclusions qui ne sont pas en accord avec les résultats.
Certaines recherches écrivent noir sur blanc qu’il n’y a pas de différences entre les enfants élevés par des couples de même sexe et les autres, pourtant, en regardant les données présentées, on se rend compte qu’il y en a, c’est par exemple le cas de l’étude Rosenfeld2 comme on peut le voir ci-après :
Dans le cas cité, il était très facile de mettre en évidence le problème, mais dans d’autres cas7, remarquer par exemple que les couples lesbiens sont plus irrités face au comportement d’un enfant, qu’il y a plus de tension et de colère, demande quelques compétences en analyse.
Les données imaginaires.
Le referendum irlandais sur le mariage entre personnes de même sexe faisait suite à une étude8 prétendant que les contacts avec des militants LGBT permettaient de changer l’opinion des électeurs. Cette étude, retirée depuis, présentait des résultats qui semblaient trop bons pour être vrais. Un chercheur a donc contacté l’institut chargé de faire l’enquête, qui a nié avoir un contact avec les auteurs, et de plus a affirmé ne pas avoir la logistique pour mener une telle étude.
Les falsifications, manipulations et vols de données sont malheureusement fréquents dans le monde de la recherche, et un jeune chercheur qui refuserait de s’y soumettre pourrait s’attirer les foudres de l’institution pour laquelle il travaille (ce que j’ai malheureusement appris à mes frais).
La diffamation des autres études
Quand une étude est faite de façon rigoureuse, elle met en évidence que les enfants élevés par un couple de même sexe rencontrent des difficultés aussi bien à court qu’à long terme. C’est par exemple le cas des études de Mark Regnerus9.
Ces résultats n’allant pas dans le sens des groupes LGBT, ils affirment que ces études ont été invalidées, pourtant plusieurs inquisitions au sujet de son principal article (ici et là) ont conclu qu’il n’y avait aucune fraude, et que les seules points critiquables étaient inhérents au sujet.
Conclusion
Les études fiables sur la question du devenir des enfants élevés par un couple de même sexe sont assez rares. Depuis ma dernière analyse sur la question, il n’y a qu’une nouvelle recherche10 fiable, qui montre qu’une fois adulte, une personne ayant été élevée par un couple de même sexe a un risque accru de dépression.
Les études biaisées sont légions, car bon marché, et potentiellement chaque université est capable de produire une telle recherche chaque année. Certaines manipulations sont faciles à voir, en lisant la méthode d’échantillonnage ou en regardant les données brutes, la majorité des fraudes sont visibles. D’autres, comme les inventions de résultat demandent un travail de vérification accru. Mais au final, bien que cela ne soit pas intellectuellement rigoureux, la façon la plus simple est encore de lire la conclusion, si elle est positive pour les enfants élevés par un couple de même sexe, alors il y a suspicion de fraude !
Benjamin Leduc
Références
1. Allen, D. W. High school graduation rates among children of same-sex households. Rev. Econ. Househ. 11, 635–658 (2013).
2. Rosenfeld, M. J. Nontraditional families and childhood progress through school. Demography 47, 755–775 (2010).
3. Wainright, J. L., Russell, S. T. & Patterson, C. J. Psychosocial Adjustment, School Outcomes, and Romantic Relationships of Adolescents With Same-Sex Parents. Child Dev. 75, 1886–1898 (2004).
4. Wainright, J. L. & Patterson, C. J. Delinquency, victimization, and substance use among adolescents with female same-sex parents. J. Fam. Psychol. 20, 526–530 (2006).
5. Crouch, S. R., Waters, E., McNair, R., Power, J. & Davis, E. Parent-reported measures of child health and wellbeing in same-sex parent families: a cross-sectional survey. BMC Public Health 14, 635 (2014).
6. Sullins, D. P. Bias in Recruited Sample Research on Children with Same-Sex Parents Using the Strengths and Difficulties Questionnaire (SDQ). (Social Science Research Network, 2015).
7. Bos, H. M. W., Knox, J. R., van Rijn-van Gelderen, L. & Gartrell, N. K. Same-Sex and Different-Sex Parent Households and Child Health Outcomes: Findings from the National Survey of Childrenʼs Health. J. Dev. Behav. Pediatr. 37, 179–187 (2016).
8. LaCour, M. J. & Green, D. P. When contact changes minds: An experiment on transmission of support for gay equality. Science 346, 1366–1369 (2014).
9. Regnerus, M. How different are the adult children of parents who have same-sex relationships? Findings from the New Family Structures Study. Soc. Sci. Res. 41, 752–770 (2012).
10. Sullins, D. P. Invisible Victims: Delayed Onset Depression among Adults with Same-Sex Parents. Depress. Res. Treat. 2016, e2410392 (2016).
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