Colonisation de l’Amérique du Sud : le Mexique demande des excuses à l’Espagne et à l’Eglise

Colonisation de l’Amérique du Sud : le Mexique demande des excuses à l’Espagne et à l’Eglise
Dans une vidéo publiée sur son compte Facebook, ce lundi 25 mars, le président du Mexique a déclaré avoir écrit un lettre dans laquelle il réclame des excuses au roi d’Espagne Felipe VI et au Pape François pour les «abus» commis contre les peuples indigènes à l’occasion de la conquête espagnole. Pourtant l’Église a déjà demandé pardon pour ces violences et la souffrance causée.

Le gouvernement espagnol a tout de suite réagi à la lettre du président mexicain, Andres Manuel Lopez Obrador, où celui-ci exigeait des excuses pour les violences commises lors de la Conquête au début du XVe siècle.  «L’arrivée, il y a 500 ans, des Espagnols sur le territoire mexicain actuel ne peut pas être jugée à l’aune de considérations contemporaines, a écrit le gouvernement espagnol.  Nos peuples frères ont toujours su lire le passé sans colère et dans une perspective constructive, comme des peuples libres avec un héritage commun et une influence extraordinaire

À l’approche du 500e anniversaire de Tenochtitlan, l’ancien nom de Mexico sous la domination aztèque, en 2021, et du bicentenaire de l’indépendance du Mexique, le président élu l’an dernier revient sur les tragédies de l’histoire coloniale de ce territoire. C’est sans doute dans cet esprit que dans une vidéo publiée sur Facebook, ce lundi 25 mars, il expliquait : «J’ai envoyé une lettre au roi d’Espagne et une autre au pape pour que le récit des abus soit fait et qu’une excuse soit présentée aux peuples indigènes [du Mexique] pour les violations de ce qu’on nomme aujourd’hui leurs droits de l’homme» comme le rapporte Le Monde.

Une démarche déjà accomplie par plusieurs Papes

Du côté de l’Église, il semble pourtant que la demande de pardon a déjà été faite. En février 2016, alors que le Pape François était en voyage au Mexique, celui-ci lors d’une grande messe à Chiapas, avait appelé à «apprendre à dire pardon» et à faire un «examen de conscience» , insistant sur l’exclusion des peuples indigènes dans l’histoire. De même, en juillet 2015, lors de son voyage en Bolivie, le Pape François avait prononcé un discours fort. Il avait officiellement présenté ses excuses au nom de l’Église catholique pour les «péchés»et les «blessures» faites aux peuples autochtones du continent par les colons espagnols. Il avait alors reconnu qu’il s’agissait de «crimes», chose inédite.

Mais bien avant lui, sans parler de crimes, le Vatican avait reconnu les blessures faites par les colons. Ainsi en 2007, Benoît XVI avait reconnu les «souffrances», les «injustices», et les «ombres» de cette période de colonisation. Et dès 1992, la voie de la repentance était déjà empruntée. Saint Jean-Paul II avait lors de son voyage en République dominicaine, «humblement demandé pardon», formule reprise par le Pape François en Bolivie. Il reconnaissait alors la «douleur et la souffrance» causée par des chrétiens durant 500 ans. Lors de la grande cérémonie de repentance de l’an 2000, dans le cadre du Jubilé, Jean-Paul II avait solennellement renouvelé cette démarche de pardon.

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