Au début du mois d’août 2014, alors que les djihadistes atteignaient les villages et les villes autour de Mossoul, contraignant tous les non sunnites à fuir, des chrétiens ont signalé que les Peshmergas, dont ils dépendaient pour leur sécurité, avaient disparu.
Bahija, 65 ans, actuellement réfugiée en Jordanie, a raconté à World Watch Monitor que les combattants kurdes positionnés près de sa maison familiale à Tel Qaif, lui dirent qu’ils ne l’abandonneraient pas. Sur cette assurance, elle alla se cou- cher comme d’habitude, mais fut réveillée le lendemain matin par sept ou huit djihadistes de l’État Islamique qui frappaient sur sa porte en criant des “Allahou akbar”. Elle nous confie que les Peshmergas étaient partis la veille au soir à 21 h 30.
Une femme de Mossoul, qui avait d’abord fui à Qaraqosh, avant de chercher refuge en Jordanie, s’interroge aussi sur les agissements des Peshmergas (…) : “Les Kurdes n’étaient pas là la nuit où l’État Islamique est arrivé : ils ont offert les chrétiens à l’État Islamique sur un plateau”.
Le Père Yusuf Binjamin, prêtre de l’Église assyrienne de l’Orient, accuse les Kurdes d’avoir délibérément trompé les chrétiens, une pratique conforme à un précédent qui remonte à un siècle : un cheikh kurde avait trompé un patriarche assyrien qu’il assassina sitôt que les deux eurent signé un pacte. “Ils m’ont dit de ne pas évacuer les familles, que tout se passerait bien”, ajoutant “jusqu’à présent, les Kurdes n’ont pas cessé de nous ennuyer et de nous menacer”.
Il raconte qu’au cours du siècle passé les Kurdes ont toujours essayé de chasser ou d’acheter les terres des Assyriens, les chrétiens irakiens.
Un chrétien réfugié propose une explication au fait que les Kurdes abandonnèrent la protection des villages chrétiens : c’était pour empêcher que l’État Islamique franchisse la frontière de la région semi-autonome du Kurdistan qui est devenue un refuge pour les Irakiens déplacés. “J’ai entendu dire que parce que Daech arrivait à Qaraqosh, les Peshmergas bloquèrent les routes afin que Daesh ne puisse pas arriver à Erbil (capitale du Kurdistan irakien)”
Le manque d’informations précises sur tout cela alimente la conviction exprimée par des chrétiens réfugiés qu’ils ne sont plus en sécurité en Irak.