Selon les informations disponibles en Chine populaire, deux évêques sont ordonnés ce mercredi 30 novembre et un troisième le sera dans deux jours, le 2 décembre. S’il est avéré que les évêques ont bien reçu leur nomination du pape et que ces nominations ont été acceptées par Pékin, les conditions pratiques du déroulement des célébrations d’ordination ne sont pas encore connues dans le détail. Ces ordinations interviennent après celle de Mgr Ding Lingbin, évêque de Changzhi, dans le Shanxi, le 10 novembre dernier, tandis qu’il est toujours question de négociations entre le Vatican et la Chine au sujet d’une possible normalisation de leurs relations.
Le 30 novembre, c’est donc le diocèse d’Ankang qui reçoit un nouvel évêque en la personne de Mgr John Wang Xiaoxun. L’ordinaire de ce diocèse, Mgr John-Baptist Ye Ronghua, âgé de 85 ans, n’a plus la santé pour diriger son diocèse, un diocèse du sud-est du Shaanxi, isolé géographiquement et financièrement démuni. Cela faisait plusieurs années que Mgr Ye demandait un coadjuteur et ce n’est que récemment que Pékin a donné son assentiment à l’ordination de Mgr Wang Xiaoxun. Selon nos informations, la cérémonie d’ordination serait présidée par Mgr Yang Xiaoting, évêque de Yulin (Yan’an), entouré par l’ensemble des évêques « officiels » de cette province. Tous sont en communion avec Rome.
Présence annoncée d’un évêque illégitime à la cérémonie d’ordination
Aujourd’hui toujours, à six cents kilomètres au sud-ouest, une autre ordination épiscopale a lieu. Au Sichuan, le diocèse de Chengdu était sans évêque quand, en mai 2014, l’Eglise locale a choisi, par élection, le P. Joseph Tang Yuange, mais ce n’est qu’en octobre 2015 que le Saint-Siège fit savoir que le pape nommait effectivement le P. Tang comme évêque du lieu. Il aura fallu attendre encore un an avant que l’ordination ne puisse être célébrée. Selon nos informations, la cérémonie serait présidée par Mgr Fang Xingyao, assisté par Mgr He Zeqing (de Wanzhou (Wanxian)), Mgr Chen Gong’ao (de Nanchong) et Mgr Luo Xuegang (de Yibin). Mgr Fang Xingyao, évêque de Linyi, dans le Shandong, est un évêque en communion avec le Saint-Père mais, président de l’Association patriotique des catholiques chinois, il est considéré comme étant une personnalité proche des autorités chinoises. Toujours selon nos informations, la présence de Mgr Lei Shiyin, évêque de Leshan, est annoncée à cette ordination de Chengdu. Mgr Lei Shiyin, sur lequel pèse une peine d’excommunication, figure au nombre des huit évêques illégitimes de Chine populaire, i.e. non reconnus comme évêques par le pape. Sa présence ainsi que celle d’un autre évêque dont nous n’avons pas encore l’identité pourraient poser problème, notamment au cas où Mgr Lei Shiyin serait amené à imposer les mains sur le nouvel évêque.
Le 2 décembre, ce sera au tour de Xichang, un petit diocèse du Sichuan, de recevoir un nouvel évêque, en la personne de Mgr Lei Jiapei. Aucune information n’est disponible quant au nombre et à la qualité des évêques qui viendront l’ordonner. Cependant, il semble que la nomination par le pape de Mgr Lei Jiapei à l’épiscopat soit récente. Elle serait le fruit des dernières sessions de négociations entre le Saint-Siège et la Chine, notamment la dernière qui a eu lieu à Rome au début de ce mois.
Poursuite du dialogue engagé en 2014
Après l’ordination épiscopale du 10 novembre, ces trois ordinations sont scrutées de près. Celle d’Ankang, dans le Shaanxi, devrait a priori se dérouler sans difficulté. A Chengdu, l’Eglise locale est sans doute suffisamment forte pour cantonner Mgr Lei Shiyin dans un rôle mineur. A Xichang en revanche, le diocèse ne semble pas en mesure de pouvoir résister à une éventuelle manœuvre qui consisterait à ce qu’un évêque illégitime prenne part à l’ordination de son nouvel évêque – un geste qui serait inacceptable pour le Saint-Siège.
Selon les observateurs, si cette succession d’ordinations épiscopales indique que les canaux de communication sont toujours ouverts entre Rome et Pékin, elle ne signifie pas pour autant qu’un accord global concernant l’Eglise de Chine et ses rapports avec le gouvernement chinois soit imminent. Les ordinations épiscopales de ces jours-ci s’inscrivent dans un calendrier dont la prochaine étape est la convocation à venir de la « IXe Assemblée nationale des représentants catholiques », une instance non reconnue par l’Eglise universelle et qui est utilisée par Pékin pour signifier son contrôle sur l’Eglise locale. Cette assemblée devrait être réunie entre la mi- et la fin décembre 2016. Là encore, les observateurs seront attentifs aux mesures qui pourraient y être annoncées. En 2010, lors de la tenue de la « VIIIe Assemblée nationale des représentants catholiques », des évêques avaient été contraints de s’y rendre, la prééminence de l’Association patriotique des catholiques chinois sur les évêques avaient été réaffirmée. Autant de mesures qui, alors, ne signifiaient pas de volonté de la part des organes chinois de renouer un dialogue serein avec le Saint-Siège. Cette fois-ci, la poursuite du dialogue engagé depuis 2014 sous le pontificat du pape François dépendra dans une large mesure des décisions qui seront alors prises par Pékin.
Source : Eglises d’Asie