Il était l’une des figures les plus marquantes de l’Église de Chine. Mgr Lucas Li Jingfeng est décédé le 17 novembre à l’âge de 95 ans. Son parcours retrace toutes les vicissitudes des chrétiens de Chine, mais également leurs espoirs. Il illustre la fidélité à Rome de ces catholiques chinois.
La particularité de Mgr Lucas Li Jingfeng est qu’il avait été à la tête d’un diocèse (le diocèse de Fengixang, dans le Shaanxi) qui a pu relativement échapper à l’emprise des autorités chinoises. En effet, l’évêque n’a jamais été affilié à l’Association patriotique des catholiques chinois, y compris au moment de sa reconnaissance “officielle” par les autorités publiques en 2004. C’est ainsi que le diocèse de Fengxiang a eu cette particularité d’avoir une cathédrale et des églises « clandestines », mais publiques. En Chine, la clandestinité ne signifie pas nécessairement une existence souterraine. Ainsi, dans le diocèse d’Ürumqi (Xinjiang), la communauté catholique n’est pas affiliée à l’Association patriotique tout en gardant pignon sur rue.
Mgr Lucas Li Jingfeng, né en 1922, avait été ordonné prêtre en 1947. Il a été l’un des premiers évêques clandestins à avoir reçu la consécration épiscopale, et ce après la fin des persécutions qui avaient débuté dans les années 1950. Ainsi, en 1980, il avait été ordonné par Mgr Antoine Zhou Weidao, évêque légitime de Fengxiang, lui-même ordonné évêque sous le pape Pie XII. À cette époque, les clandestins utilisaient encore le missel tridentin, qui est également resté en vigueur dans la partie officielle de l’Église de Chine jusqu’à l’automne 1992. Mgr Li Jingfeng était, par ailleurs, réputé pour son attachement au missel traditionnel.
Avec Mgr Pierre-Joseph Fan Xueyan, évêque de Baoding (Hebei), également ordonné sous Pie XII, l’évêque de Fengxiang avait, en effet, participé à la résurrection de cette Église du silence. Mgr Li Jingfeng devint ainsi évêque auxiliaire de Fengixiang en 1980, puis évêque de ce diocèse en 1983. Il réussit même, en 2011, organiser l’élection de son successeur, Mgr Peter Li Huiyuan.
En 2005, Mgr Li avait été invité par le pape Benoît XVI au Synode sur l’Eucharistie; il ne put malheureusement assister à cette assemblée d’évêques. Il parvint cependant à faire parvenir une lettre invitant l’Église catholique à plus de ferveur, rappelant que l’Église en Chine avait « a toujours gardé la piété, la fidélité, la sincérité et la dévotion des premiers chrétiens », y compris pendant les périodes les plus dures.
Les obsèques de Mgr Li Jingfeng sont donc prévues le 25 novembre 2017. Comme cela arrive après chaque décès de personnalité de l’Église de Chine, ces obsèques seront étroitement surveillées par les autorités publiques et par la police.