de Mgr Pascal Roland, évêque du diocèse de Belley-Ars sur le site internet du diocèse:
RCF Parole aux Eglises Vendredi 1° juin 2018
Fête du Corps et du Sang du Christ
“C’est toujours la même chose ! … Et puis ce n’est pas assez vivant ! » Telles sont les réflexions que nous entendons fréquemment autour de nous, de la part de personnes qui éprouvent des difficultés à venir à la messe, notamment chez les jeunes.
La tentation est grande, alors, de penser que la messe n’est pas adaptée aux gens et d’imaginer mille façons de rendre la messe plus attrayante, comme s’il s’agissait d’un produit à commercialiser ou d’un spectacle auquel il faudrait s’appliquer à gagner un public plus nombreux.
Mais ne sommes-nous pas dans l’erreur quand nous posons la question en ces termes ? Ne faut-il pas renverser l’objection et nous interroger si par hasard ce n’est pas nous qui ne serions pas adaptés à la messe ? N’est-ce pas nous qui avons à convertir notre regard et notre comportement
Si je vous tiens ces propos, c’est parce que dimanche l’Eglise nous offre une solennité particulière : »La fête du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ « , qui peut être entendue comme une invitation à mieux percevoir la grandeur de la messe.
Cette fête particulière vise à nous faire goûter le don extraordinaire que le Christ nous fait dans l’ »admirable sacrement » de l’Eucharistie. Il est vrai que nous ne saurons jamais nous étonner suffisamment devant ce « mémorial de la Passion », qui nous permet de « recueillir sans cesse le fruit de la Rédemption » (pour reprendre les termes de la prière d’ouverture).
A la messe, Jésus nous dit : » Ceci est mon Corps livré pour vous… Ceci est mon sang versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés. » Vous avez bien saisi : Jésus a institué le sacrement de l’Eucharistie afin de rendre constamment présent le don qu’il nous fait de lui-même par amour, en mourant sur la croix. Sous les dehors du pain et du vin sont présents le corps de Jésus livré et le sang de Jésus répandu pour nous sauver. N’est-ce pas là une extraordinaire invention d’amour ?
Réfléchissez bien, maintenant, aux conséquences de la participation à ce sacrement. Recevoir le Corps du Christ, c’est être engagé à livrer notre corps avec lui. C’est être entraîné à faire de notre propre vie une vie donnée, c’est reconnaître qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses frères et c’est nous engager librement dans ce don…
Soyons donc reconnaissants à l’Eglise d’avoir institué la fête de ce jour ! Cette fête réveille notre attention. Elle stimule notre émerveillement, elle accroît notre respect du sacrement de l’Eucharistie.
Comme le souligne le Concile Vatican II, en reprenant l’enseignement de St Thomas d’Aquin : » La sainte Eucharistie contient tout le trésor spirituel de l‘Eglise, c’est-à-dire le Christ lui-même, lui notre Pâque, lui le Pain Vivant, lui dont la chair vivifiée par l’Esprit saint et vivifiante, donne la vie aux hommes, les invitant et les conduisant à offrir en union avec lui, leur propre vie, leur travail, toute la création. On voit donc alors comment l’Eucharistie est bien la source et le sommet de toute l’Evangélisation… » (décret Presbyterorum ordinis sur le ministère et la vie des prêtres, n° 5)