Si les femmes congèlent leurs ovocytes, c’est surtout parce qu’elles n’ont pas encore rencontré celui qui doit être le père de leurs enfants. Contrairement aux idées reçues, celles qui le font pour donner la priorité à leur carrière sont minoritaires. Parmi les femmes qui ont recours à l’autoconservation ovocytaire, seules 8% d’entre elles reviendront effectivement pour les utiliser. Celles qui rencontrent ensuite l’homme de leur vie ont souvent des grossesses naturelles, ne nécessitant pas le recours aux ovocytes congelés par précaution.
Lors de la 34ème réunion annuelle de l’ESHRE (Société Européenne de Reproduction Humaine et d’Embryologie) à Barcelone, qui se déroule du 1er au 4 juillet 2018, deux études de grande ampleur ont été présentées à ce sujet :
- La première étude, réalisée par une équipe belge pour Centre de Médecine Reproductive de Bruxelles, porte sur 563 femmes ayant congelé leurs ovocytes pour raisons personnelles entre janvier 2009 et novembre 2017. Il en ressort que « moins de 8% des femmes qui gèlent leurs ovocytes reviennent les utiliser, et seulement une sur trois a réussi à avoir un enfant ». Les âges moyens étaient de 36,5 ans à la congélation et de 38 ans à la décongélation. « La grosse majorité des femmes qui congèlent leurs ovocytes pour des raisons autres que purement médicales le font parce qu’elles veulent être mères génétiques un jour et qu’elles ne sont pas à ce moment-là dans une relation où cela peut leur arriver. Fait rassurant, un grand nombre de ces femmes ne reviennent pas utiliser ces ovocytes parce que, très rapidement après, elles trouvent cette relation », explique le Dr Gillian Lockwood de Midland Fertility Services.
- La deuxième étude a été réalisée auprès de 150 femmes, réparties dans sept cliniques de fertilité, quatre américaines (114 femmes) et trois israéliennes (36 femmes). Chaque femme a réalisé au moins un cycle de cryoconservation pour raison sociale. La conclusion principale de l’étude avance aussi que « contrairement aux idées reçues, les femmes choisissent de congeler leurs ovocytes non pas pour poursuivre leurs études ou leur carrière, mais pour des raisons qui tournent principalement autour du manque de partenariats stables entre les femmes et les hommes engagés dans le mariage et la parentalité ». La majorité des femmes (85 %) étaient célibataires ou divorcées. Parmi les raisons invoquées, celle de la préservation de la carrière était la plus rare, même chez les femmes travaillant pour une entreprise couvrant les frais de cryoconservation de ses salariés. Pour les 15 % de femmes en couple, les raisons sont différentes, généralement parce que le conjoint refuse d’avoir des enfants ou ne se sent pas encore prêt. L’étude fait aussi remarquer que le secteur de la cryoconservation volontaire est en pleine croissance, et « qu’environ 5000 cycles de congélation des ovocytes ont été réalisés aux États-Unis en 2013, mais que 76 000 sont prévus en 2018. »
« Leurs choix sont : de congeler leurs ovocytes, d’espérer trouver un partenaire ou de décider de devenir mère célibataire avec du sperme de donneur », explique le Dr. Marcia Inhorn, anthropologue de l’Université de Yale aux Etats-Unis, qui a présenté la deuxième étude à l’ESHRE.
Source: genethique.org