Ce lundi 9 octobre, une nouvelle semaine sous haute tension s’ouvre en Espagne, alors que Madrid et les séparatistes catalans restent dos à dos. Une semaine après le referendum d’autodétermination en Catalogne, le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy a exigé ce dimanche que la «menace de déclaration d’indépendance soit retirée le plus rapidement possible» dans les colonnes d’El Pais, répétant qu’il n’y aura pas de négociations avec les séparatistes. Sans négociations, le dirigeant sécessionniste de la Catalogne Carles Puigdemont a affirmé hier soir «qu’ils feront ce qu’ils sont venus faire».
Ce dimanche, une manifestation anti indépendantistes a rassemblé des centaines de milliers de personnes à Barcelone. Ce fut le premier rassemblement contre l’indépendance de cette ampleur depuis le vote de la semaine passée. Entre 350 000 et 950 000 de personnes ont déferlé dans les rues de Barcelone. La plupart venant de toute la Catalogne. Tous revendiquant, enroulés dans leur drapeau espagnol, leur double identité. En une semaine, ils ont assisté au vote, découvert les matraques, entendu ceux qui, à leur place, ont parlé, connu la crainte de voir leurs économies d’une vie disparaître alors que leur banque quittait Barcelone pour Madrid. Au bureau, à l’école, entre amis, il leur a été difficile d’exprimer leur opposition à l’indépendance. Ce sont finalement tous ceux-là qui ont pris la parole ce dimanche à Barcelone, la majorité silencieuse qui a intimé l’ordre aux dirigeants locaux et nationaux de retrouver la raison.
«Nous sommes armés d’idées, de raison et d’une conviction profonde que la démocratie est là pour rester, qu’aucune conspiration séparatiste ne la détruira ». À la tribune, le prix Nobel de littérature Mario Vargas Llosa qui a la double nationalité espagnole et péruvienne, a souhaité le retour des entreprises en Catalogne lui permettant d’être toujours «la capitale industrielle de l’Espagne, le moteur de sa croissance et sa prospérité».
Dans la rue, ils ont réclament l’apaisement et l’unité du pays, alors que Madrid rejette toute négociation avec les séparatistes dont le leader Carles Puigdemont a laissé entendre dimanche soir qu’il pourrait déclarer l’indépendance et dès demain. Il doit prendre la parole lors d’une session prévue demain soir au parlement local où les séparatistes sont majoritaires depuis 2015.
Inquiétude des milieux économiques
Après le départ de Catalogne, la semaine dernière, de plusieurs grandes banques et sociétés, le groupe autoroutier espagnol Abertis, basé à Barcelone, envisage lui aussi de déménager son siège social hors de la région. Le conseil d’administration de l’entreprise doit se réunir dans la journée ce lundi.
L’inquiétude des milieux économiques semblent provoquer le malaise, y compris dans le camp séparatiste.
Certains indépendantistes catalans auraient-ils sous-estimé l’ampleur de la crise qu’ils ont provoquée en organisant le référendum ? L’éclairage d’Hubert Peres, spécialiste de la politique espagnole à l’université de Montpellier. Il est interrogé par Olivier Bonnel.
source: RadioVatican