Plus de cinq millions de personnes, fuyant les attaques des terroristes de Boko Haram pour se réfugier au Niger, au Nigeria, au Cameroun et au Tchad, sont en situation de grave insécurité alimentaire, selon Caritas internationalis. La région du Lac Tchad est devenue un refuge pour eux.
D’après les estimations des organisations humanitaires internationales, le groupe extrémiste musulman Boko Haram a tué plus de 13’000 personnes depuis 2009, en particulier dans le nord du Nigeria. Plus de 10 millions de personnes sont victimes de ses violences. L’insécurité généralisée et les raids des fondamentalistes ont détruit la vie des personnes et leurs moyens de subsistance, le bétail ayant été volé et les cultures dévastées.
« C’est une des pires crises humanitaires que nous ayons connues », indique le Père Evaristus Bassey, directeur exécutif de Caritas Nigeria. « Les femmes et les enfants sont les plus touchés, et certains enfants souffrent d’une malnutrition sévère ».
Des dizaines de milliers de personnes vivent en plein air, sous les arbres, dans des villages ou des camps de fortune, parce qu’elles ont trop peur de rentrer chez elles. Dans les zones les plus frappées par la crise, tels que le nord-est du Nigeria, l’extrême nord du Cameroun, le Tchad occidental et le sud-ouest du Niger, une famille sur trois souffre d’insécurité alimentaire. « Dans le nord-est du Nigeria, plus de 8,5 millions de personnes ont besoin de secours. Il y a bien jusqu’à 17 millions de personnes touchées par la crise dans l’ensemble du bassin du Lac Tchad », souligne le Père Bassey.
Le Programme alimentaire mondial a recensé 7 millions de personnes ayant besoin d’une assistance alimentaire d’urgence. En outre, 500’000 enfants souffrent de malnutrition sévère, dans une région qui était déjà vulnérable en raison de l’impact du changement climatique et de la dégradation environnementale.
Tandem de Caritas et du Secours Catholique américain
Caritas travaille avec le CRS (Catholic relief services), secours catholique américain, fondé en 1943 aux Etat-Unis et membre de Caritas Internationalis. Ensemble, ils apportent des ressources financières qui permettent d’acquérir des aliments, de l’eau et des kits d’hygiène. Sont fournis également des abris d’urgence, des moustiquaires et d’autres articles de première nécessité.
CRS Nigeria fournit une assistance alimentaire, des articles d’hygiène et de première nécessité à 50’000 personnes, et des abris d’urgence à 1’650 familles dans les Etats de Yobe et d’Adamawa, dans la région de Maiduguri. « Tout en nous assurant que les besoins critiques sont satisfaits, nous nous focalisons sur la reconstruction à long terme – pour faire face à l’impact de crises futures – ce qui inclut également le renforcement de la capacité locale de réponse », a déclaré Jennifer Poidatz, directrice de Réponse humanitaire de CRS.
Au Tchad, au Cameroun et au Niger, Caritas et CRS collaborent également. L’organisme de secours catholique américain y fournit de l’aide à des milliers de personnes déplacées, suite aux attaques de Boko Haram dans la région de Diffa. Plus d’un tiers de la population de cette ville, estimée à 600’000 personnes, a été déplacée à l’intérieur du pays. Des douzaines d’écoles ont fermé dans la région et la malnutrition a atteint des niveaux critiques.
La distribution d’aliments, d’abris et de kits d’articles de première nécessité constitue un besoin crucial pour les familles déplacées. « La situation de terreur permanente et de harcèlement les a amenées à fuir, et elles se retrouvent en grande difficulté, en particulier les femmes et les enfants, qui dorment dans le froid, à la belle étoile », a souligné Raymond Yoro, Secrétaire exécutif de CADEV (Caritas développement du Niger).
Le Lac Tchad est devenue un refuge
La région du Lac Tchad est devenue un refuge pour ceux qui ont vu leurs marchés, leurs camps et leurs villages bombardés. CRS fournit aux familles des aliments, des semences et des outils, et mille familles recevront chacune deux chèvres et deux mois de fourrage. « Ils m’ont accueilli et m’ont aidé à construire ma maison », dit Haoua Abdoulay, une personne déplacée. « Ils m’ont donné des nattes, des roseaux pour installer une clôture, et ont fourni de la main d’œuvre pour construire ma maison ».