Comme promis dans notre édito du mercredi des cendres, chaque jour nous vous partageons à méditer un texte du père Michel-Marie Zanotti-Sorkine.
En tout couple, du moins je le préconise, et votre vie, ô Vierge, ne le dément pas, il est des affaires qui ne se règlent que par l’un ou l’autre conjoint selon sa grâce. Et ce n’est pas là une question de culture ou d’usages, mais bien plutôt de déterminations supérieures, n’en déplaise à quelques constructeurs d’utopie. Tout le monde ne fait pas tout ; chacun doit faire sa part. A leurs larges épaules, à leurs os vigoureux, à leurs voix tonnantes, à leur impulsive nature – aux hommes, l’idéal de protection leur va comme un gant, et il serait certes bon qu’ils l’exerçassent en flux de douceur continu. Ce n’est pas toujours réussi, mais c’est leur voie. Ordonnés à l’action de tout leur être, difficilement maintenus sur les canapés où les femmes les veulent pour de longues conversations qu’ils rêvent d’écourter, il convient donc de leur laisser initiatives et décisions dans l’ordre du faire et du devenir, car maris châtrés ne valent plus rien. Bien sûr, qu’ils consultent le Ciel et leur femme, cela va de soi, mais qu’en fin, ils indiquent la route. Joseph étant un homme, un point c’est tout, c’est lui qui, pour le bien commun, décidait de toutes choses. Surtout ne lui en veuillez pas, d’autant plus que Dieu montrera par la suite qu’il marche tout à fait dans cette lumière. Quant à la femme, selon Rilke ” plus spontanée, plus féconde, plus confiante, plus mûre, plus près de l’humain que l’homme”, il lui revient – en vous voyant Marie, je le comprends – de déposer son éclat au centre de l’amour, pour ne point se trahir elle-même qui, comme chacun le sait, se nourrit de docilité pour croître.
Père Michel-Marie Zanotti-Sorkine, in Marie, mon secret, p. 103-104
Illustration : Sainte Famille avec sainte Elisabeth et saint Jean-Baptiste, par Rubens