En Europe, les bretzels, le “Jeudi vert” et l’aïoli
Du sel, de la levure, de la farine et de l’eau, voilà qui compose le bretzel, inventé par un moine italien au début du Moyen-Âge. La friandise ressemble à des mains en prière, formant trois trous représentant la Sainte Trinité.
En Allemagne, il est coutume de manger des aliments verts le Jeudi-Saint, tel le ménage de printemps qui nettoie le corps et l’esprit. La recette phare du “Jeudi vert” institué par le pape Léon II en 692, est alors une soupe aux plantes vertes et aux vertus dépuratives. La tradition perdure aujourd’hui en Alsace.
En Provence, le mercredi des cendres est l’occasion de préparer l’emblématique aïoli, une sauce provençale à bas d’ail, d’huile d’olive et de jaune d’œuf, servie avec des légumes, du poisson ou des fruits de mer. Durant le Moyen-Âge, l’aïoli était “la nourriture des pauvres”.

Les brioches du Commonwealth
La tradition des brioches du Carême, sucrées et épicées, distribuées aux catholiques pauvres le Vendredi-Saint, remonte au XIIIe siècle. A l’origine, ces petits pains composés de farine, d’œufs, de levure, de raisins de Corinthe et de cardamome, sont issus d’une recette païenne. Au Moyen-Âge, des moines la christianisent en creusant des croix dans la croûte.
La capirotada du Mexique
Ce pudding sucré au pain trône sur les tables des familles mexicaines le vendredi de carême. La symbolique est riche : les petits pains représentent le Corps du Christ, le miel, le Sang. Quant aux clous de girofle, ils rappellent les clous de la crucifixion, et les bâtons de cannelle la Croix de bois. Enfin, le fromage fondu qui nappe le dessert symbolise le linceul.
Une jolie tradition agrémente le tout : le Vendredi-Saint, les familles d’Oaxaca offrent à leur voisin une boisson sucrée, fruitée et émaillée de mille et un produits, à l’image de la Samaritaine qui offrit à boire au Christ en chemin vers Jérusalem.
Les cent recettes de Carême d’Amérique Latine
La fanesca, cette soupe de poissons et de douze sortes de légumineuses, rappelle la Sainte Cène. Cette tradition culinaire est ancestrale, et préparée en famille dans un esprit de prière.
En Argentine, les plats de Carême ne se comptent plus. Les empanadas de vigilia se différencient des empanadas habituelles car elles ont la particularité d’être préparées avec une pâte feuilletée et une garniture à base de thon ou de légumes. Le guiso de bacalao, sorte de ragoût préparé avec de la morue séchée, des pois chiches, des légumes, des pommes de terre et des épices, s’inspire d’un plat traditionnel espagnol.

Les “anneaux des apôtres” maltais
Ces pains circulaires sucrés et salés, aux amandes et aux graines de sésame, et sans levain, sont consommés le Jeudi-Saint.
Le zenkoul et le festin du Christ au Moyen-Orient
Le zenkoul libanais est un plat de boulgour agrémenté de pois chiches, de riz, d’ail, d’oignons et de mélasse de grenades. Il est souvent accompagné de vinaigre comme celui qu’offrit le soldat romain au Christ sur la croix.
Le festin du Christ, un plat à base de blé, de légumineuses, de céréales, et d’akoubs, une plante épineuse printanière, est partagé dans les villages irakiens le Vendredi-Saint. Le tout est mixé en soupe et servi avec de l’eau. Le retrait des épines de l’akoub est un rappel de la Passion et de la couronne d’épines du Christ.