Nous relevons depuis quelques temps les tensions grandissantes au sein même de la Curie. ce n’est pas nouveau et les historiens auraient sans doute peu de peine à montrer qu’il en a toujours été ainsi. Mais chaque époque est tendue à sa manière et les conflits, attaques et autre coups plus ou moins avouables, nous disent quelque chose de la réalité ecclésiale du moment.
Celle de 2018 est une crispation autour de la personne même du pape. une tension qui cristallise des camps aux contours et aux alliances multiformes et mouvants. Intérêts de pouvoir, lignes de front théologique, conflits de personnes, rien n’épargne la maison de Saint-Pierre.
En voici un nouveau soubresaut, assez frontal et, selon les nouvelles habitudes cléricales, médiatique.
Mgr Victor Manuel Fernandez vient de publier une tribune dans le journal argentin La Nacion pour dénoncer l’attitude du cardinal Sarah et du cardinal Müller qui agissent, selon lui, comme si François n’était pas pape. Recteur de l’université catholique d’Argentine, archevêque « ad personam » par la grâce du pape François, auteur d’un livre sur le baiser intitulé Guéris-moi avec ta bouche, celui qu’on appelle familièrement « Tucho » Fernandez a fortement influencé la rédaction d’Amoris laetitia comme le montre la conformité de ses écrits antérieurs avec les passages les plus controversés de l’exhortation. Il est à 100 % derrière les nouveautés du pape François. En s’en prenant à deux cardinaux connus pour leur classicisme mais qui n’ont jamais qualifié ces enseignements d’inacceptables, fût-ce par le biais de Dubia, le prélat argentin laisse deviner une escalade dans l’entreprise de déstabilisation.