«Au terme d’un processus électoral marqué par des irrégularités et des obstacles, et voué à décourager le vote de l’opposition avec des changements au dernier moment, les manœuvres à l’avantage du gouvernement ont été évidentes» : le cardinal Baltazar Porras Cardozo, archevêque de Mérida, exprime en ces ternes sa déception au lendemain des élections régionales qui, selon l’organisme électoral vénézuélien, ont mené au triomphe des candidats du gouvernement. Interrogé par Radio Vatican, le cardinal estime que «les données du Conseil national électoral mettent en évidence l’étrangeté du processus et la forte suspicion de fraude électorale».
La victoire proclamée du parti gouvernemental dans 17 des 23 États a été présentée par le président Nicolas Maduro comme «une prouesse morale et politique». Mais pour l’archevêque de Mérida, ces résultats traduisent «un panorama de radicalisation» et une dérive dictatoriale du pouvoir chaviste. Le cardinal estime que l’opposition doit présenter ses propres résultats et donner des preuves du caractère illégitime des résultats officiels, compte tenu aussi des conditions du vote, très difficile pour l’opposition dans le climat de tension actuel.
Pour le cardinal, «les gens sont confus et démoralisés, spécialement parce qu’ils étaient convaincus qu’entreprendre la voie démocratique aurait été le chemin adéquat pour résoudre les très graves problèmes économiques et humanitaires que vit le pays».
On attend maintenant une déclaration officielle de la conférence épiscopale vénézuélienne, dont les présidents de commission seront réunis de mercredi à vendredi. «Nous voulons éviter qu’après ce scrutin puissent surgir des propositions radicales, des deux parties, qui pourraient transformer le mécontentement en violence ou en désobéissance civile». Revenant sur les violences récentes, le cardinal Porras rappelle que le souhait de l’Église est que «reprenne le chemin démocratique et que la miséricorde, le pardon et la compréhension apportent des solutions de justice et de paix pour tous».