« Aujourd’hui on ne peut pas distinguer le fait d’être religieux du fait d’être “interreligieux”» car « une relation positive entre les religions semble une nécessité absolue », a déclaré le cardinal Pietro Parolin depuis Zagreb, où il a rencontré les leaders religieux croates, à l’occasion de sa visite dans le pays du 29 au 31 octobre 2017.
Dans son intervention rapportée par L’Osservatore Romano en italien du 1er novembre, le « numéro 2 » du Vatican a souligné l’urgence du « partage de ses richesses spirituelles et de la valorisation de ce qui unit, y compris les croyances diverses ». « Cela exige une évolution courageuse », et une « sincère acceptation de l’autre » puisque l’ignorance a « souvent été motif d’intolérance, de luttes et de divisions ».
Dans le pays qui montre historiquement une « coexistence durable de la culture latine, byzantine et islamique », le cardinal a rappelé que « les croates furent le premier peuple slave à se convertir à l’Evangile » et que le christianisme joue dans le pays « un rôle irremplaçable ». « La Croatie représente un modèle de pluralisme où la conscience de ses racines spirituelles ne s’est pas affaiblie. »
Lors d’un dialogue avec les évêques, il a aussi évoqué la dictature communiste, qui de 1945 à 1990 « a tout fait pour couper le lien qui unit les personnes de Croatie au Saint-Siège, en rendant l’Eglise objet d’une persécution systématique ». Il a rendu hommage à la fidélité des chrétiens : « ni les camps de concentration, ni la tentative d’athéisme systématique » n’a « pu effacer » la « maturité de cette Eglise ».
Le cardinal a exhorté les évêques à « protéger et développer cet héritage » afin que « l’identité chrétienne de la Croatie ait non seulement un passé et un présent, mais aussi un avenir ».
Enfin, le secrétaire d’Etat a remercié l’archevêque de Zagreb, le cardinal Bozanić, et l’évêque de Požega, Mgr Škorčević, « pour le travail réalisé au sein de la Commission mixtes d’experts croates et serbes pour une relecture de la figure du bienheureux cardinal Alojzije Stepinac. Cela a été un geste d’une grande valeur œcuménique envers les frères orthodoxes. Je me réjouis que vous soyez parvenus au terme des travaux avec la joie et l’espérance d’une concorde plus profonde ».
Au cours de sa visite, précise le quotidien du Vatican, le cardinal Parolin a rencontré la présidente de la République Kolinda Grabar-Kitarović et le premier ministre Andrej Plenković.
Pour ne pas donner une interprétation syncrétiste aux propos du secrétaire d’Etat du Vatican, rappelons que le pape François s’oppose à tout œcuménisme qui serait du syncrétisme.