« Au sud du Cameroun, le pourcentage de catholiques est très élevé. Il existe un grand nombre de Paroisses bien organisées et dotées de bonnes structures. J’ai vu des églises toutes neuves et d’autres en construction. Le sud dispose d’un nombre de prêtres supérieur à ses besoins alors qu’ils manquent dans le nord du pays » déclare à l’Agence Fides le Père Fernando Domingues, missionnaire combonien et Secrétaire général de l’Œuvre pontificale de Saint Pierre Apôtre, qui vient de revenir d’une série de rencontres avec l’Eglise locale du Cameroun.
Le Père Domingues a accordé l’entretien suivant à Fides :
Comment peut-on gérer un nombre aussi élevé de vocations concentrées dans une seule partie du pays ?
J’ai suggéré de constituer des Fidei Donum internes de manière à ce que les Diocèses qui ont abondance de prêtres puissent aider ceux du nord.
En effet, dans certains Diocèses du sud, les Paroisses sont presque saturées de prêtres, tant il est vrai que le Vicaire général m’a déclaré avoir peine à trouver une place pour les nouveaux prêtres, notamment parce qu’une Paroisse ne peut subvenir qu’aux besoins d’un seul prêtre et a donc des difficultés à en soutenir deux ou trois.
L’Eglise au Cameroun peut en outre prendre pour exemple Baba Simon, dans le siècle Simon Mpeke (Batombé 1906- Edéea 1975), un prêtre du sud du Cameroun qui, à la fin des années 1950, avait demandé à être envoyé dans une zone de première évangélisation dans le nord du Cameroun, sise au sein du Diocèse de Maroua-Mokolo. Baba Simon a rendu un témoignage magnifique tant en termes d’engagement missionnaire de première évangélisation que de vie aux côtés de la population locale. Il se déplaçait pieds nus, ayant choisi de s’habiller comme les personnes pauvres qu’il évangélisait. Le Diocèse de Maroua-Mokolo a entamé son procès de béatification et les Evêques du Cameroun le proposent comme modèle de prêtre diocésain plein d’esprit missionnaire vécu de manière presque héroïque.
La seconde indication que je me suis permis d’offrir à l’Eglise au Cameroun a été que, vue l’abondance des séminaristes, les Evêques, en compagnie des formateurs, ont la possibilité de choisir les meilleurs candidats au sacerdoce, vu que ce dernier n’est pas un droit de la personne mais un service à l’Eglise, une ligne de tendance qui est déjà en place. Le problème est de trouver les modalités selon lesquelles est possible un processus d’accompagnement personnel de chaque séminariste de manière à ce que soit possible un discernement qui aide les candidats à comprendre si, effectivement, le Seigneur les appelle au sacerdoce ou bien à une autre vocation.
Dans cette situation, les Congrégation missionnaires sont-elles encore présentes au Cameroun ?
Oui mais pas dans le sud. Cependant il s’agit de présences spécialisées : des Directeurs spirituels ou des enseignants dans les Séminaires alors que les Paroisses gérées par les missionnaires sont vraiment peu nombreuses, vue l’abondance du clergé local. Au nord en revanche, vu le manque de prêtres locaux, il existe encore de la place pour des activités missionnaires de première évangélisation et d’assistance aux Paroisses.
En ce qui concerne les activités missionnaires des prêtres camerounais, il n’existe pas de mouvement organisé de Fidei Donum à envoyer à l’étranger mais de nombreuses initiatives sur base individuelle visant à envoyer hors du Cameroun des prêtres locaux dans d’autres pays. Il existe encore une forte présence de Congrégations missionnaires qui ont différents candidats locaux qui constituent une force missionnaire qui œuvre tant au Cameroun qu’en d’autres pays. Il s’agit d’une réalité très importante, tant il est vrai qu’au Cameroun, justement, a eu lieu ces jours-ci un symposium africain sur la vie religieuse, qui a vu la participation de S.Em. le Cardinal João Braz de Aviz, Préfet de la Congrégation pour les Instituts de Vie consacrée et les Sociétés de Vie apostolique, suivi par l’Assemblée des Supérieurs et Supérieures majeurs.
Les régions anglophones du pays sont depuis longtemps en état d’agitation et ont même déclaré une indépendance symbolique. Comment l’Eglise vit-elle cette situation ?
Pour des raisons historiques, la très grande majorité de l’Eglise est francophone. Il existe cependant deux zones, dans le nord-ouest et dans le sud-ouest, qui sont anglophones et qui, du point de vue social, sentent depuis longtemps un besoin d’autonomie qui a débouché récemment sur une tendance indépendantiste. Au niveau de la Conférence épiscopale, il existe un effort visant à la construction de la communion ecclésiale entre les deux composantes linguistiques. Par exemple, lors du dernier Séminaire annuel des Evêques du Cameroun, auquel j’ai participé, était très clair l’engagement visant à faire en sorte que tous puissent tout comprendre, les différents documents étant rédigés en français et en anglais. Où cela était nécessaire, il existait une traduction simultanée directe. L’Eglise s’efforce d’être un élément d’union nationale. Notre nouveau Directeur national (des Œuvres pontificales missionnaires NDT), qui est anglophone, me disait que, lorsqu’il est en présence de francophones, il cherche toujours à parler français et les francophones s’efforcent quant à eux de lui parler en anglais.