Le gouvernement du très indigéniste Evo Morales en Bolivie veut légaliser l’avortement « au cours des huit premières semaines de la grossesse et pour une seule fois » lorsque la femme se trouve « à la rue ou dans une situation de pauvreté extrême, ou qu’elle n’a pas de ressources suffisantes pour son propre entretien ou celui de sa famille, ou qu’elle est mère de trois enfants ou plus et n’a pas suffisamment de ressources pour leur entretien, ou si elle est étudiante ». Le projet relève clairement de l’eugénisme social : en imaginant l’avortement pour cause de pauvreté, Morales signe une véritable démission par rapport à une détresse à laquelle il faudrait venir en aide plutôt que d’enfoncer ses victimes dans une détresse encore plus extrême en les poussant à tuer leurs propres enfants.
Le projet de loi, dans un pays où l’avortement est à ce jour largement interdit, va encore plus loin. Il propose de dépénaliser l’acte « à n’importe quelle étape de la gestation » mais aussi en cas de risque pour la vie ou pour « la santé intégrale » de la femme ou de « malformation fœtale incompatible avec la vie ». La santé intégrale est un concept bien flou qui permet une multitude d’interprétations : sait-on qu’au Royaume-Uni, avec ses taux d’avortement terribles, elle reste l’une des conditions théoriques de la dépénalisation ?