Benoît XVI – Pape François, préjugés stupides, manipulation de comm : une discrète mise au point

Benoît XVI –  Pape François, préjugés stupides, manipulation de comm : une discrète mise au point

Le bureau de presse du Saint-Siège n’a pas divulgué le texte intégral de la lettre envoyée par Benoît XVI le 9 février dernier au préfet du Secrétariat à la Communication, Monseigneur Dario Edoardo Viganò.

Mgr Viganò, cependant, l’a lu lors de la présentation à la presse de la série « La théologie du Pape François », publié par la maison d’édition du Vatican; en fait onze brochures de différents auteurs sur divers aspects de l’enseignement écrit et parlé du pontife actuel.

La lettre est datée du 9 février et est en réponse à une lettre précédente de Mgr Viganò datée du 12 janvier. Mais depuis qu’elle a été annoncée au grand public, le soir du 12 Mars, la veille du cinquième anniversaire de l’élection de Jorge Mario Bergoglio pape, elle est apparue comme si elle était une sorte de « bulletin », plus que satisfaisant, accordé par Benoît XVI à son successeur au terme de ses cinq premières années. (ndlr et il semble quelle ait été relayée comme telle par une certaine presse)

Le communiqué de presse publié pour l’occasion par Mgr Viganò lui-même, mentionnant seulement les deuxième et troisième paragraphes de la lettre vient renforcer cette version des faits.

Pourtant, Benoît XVI ne rejette pas un, mais deux « préjugés stupides », le premier selon lequel le pape François serait « seulement un homme pratique sans aucune formation théologique ou philosophique particulière », l’autre selon lequel lui, Joseph Ratzinger, ne serait ” seulement qu’un théoricien de la théologie qui n’aurait compris que peu de choses de la vie concrète d’un chrétien d’aujourd’hui “.

En ce qui concerne le pape François, Benoît XVI reconnaît, ce qui est indéniable, qu’il a eu une formation approfondie en théologie et en philosophie. En plus de reconnaître une « continuité intérieure » entre les deux pontificats, où l’adjectif « intérieur » vaut autant que le substantif « continuité », compte tenu de « toutes les différences de style et de tempérament. »

Et ensuite, il y a ce dernier paragraphe, omis dans le communiqué de presse, dans lequel le pape émérite, avec une sincérité candide, fait preuve de sa belle veine d’ironie.

A dire vrai, le pape émérite n’a pas lu les livres, donc ne peut en approuver ou réfuter le contenu, démarche qui serait contraire à son habituelle réserve depuis sa renonciation. Il est simplement en accord sur les deux préjugés de base.

Voici le texte complet de la lettre, de l’en-tête à la signature finale.

*

Benoît XVI
Pape émérite

A son Excellence Révérendissime Monseigneur Dario Edoardo Viganò
Préfet du Secrétariat à la Communication

Cité du Vatican, 9 février 2018

Excellence révérendissime,

Je vous remercie pour votre aimable lettre du 12 janvier et pour le don qui y est joint des onze petits volumes édités par Roberto Repole.

J’applaudis cette initiative qui veut s’opposer et réagir au préjugé stupide selon lequel le pape François ne serait qu’un homme pratique sans aucune formation théologique ou philosophique particulière, tandis que j’aurais été seulement un théoricien de la théologie qui n’aurait compris que peu de choses de la vie concrète d’un chrétien d’aujourd’hui.

Ces petits volumes montrent, à juste titre, que le pape François est un homme de formation philosophique et théologique profonde, et contribuent donc à voir la continuité intérieure entre les deux pontificats, malgré toutes les différences de style et de tempérament.

Cependant, je ne me sens pas en mesure d’écrire une page théologique courte et dense à leur propos parce que, durant toute ma vie, il a toujours été clair que je n’aurais écrit et ne me serais exprimé que sur des livres que j’aurais aussi vraiment lus. Malheureusement, y compris pour des raisons physiques, je ne suis pas capable de lire les onze volumes dans un délai rapproché, d’autant plus que m’attendent d’autres engagements que j’ai déjà acceptés.

Je suis sûr que vous comprendrez et je vous salue cordialement.

Bien à vous,

Benoît XVI

Source (le texte du journaliste a été toilettés de formules cavalières, vous les retrouverez dans l’original)

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