Le Bangladesh, avec ses 163 millions d’habitants pour une surface de 147 570 km², est le 8ème pays le plus peuplé au monde ; avec 1 083 habitants au km², il est aussi l’un des plus densément peuplés de la planète. Depuis 1971, date de son indépendance, où le pays comptait 70 millions d’habitants, sa population a progressé de 133 %. En 2015, un tiers de sa population vivait en milieu urbain, et Dacca, sa capitale, avec plus de 17 millions d’habitants, détient une des plus fortes densités de population au monde, avec 43 797 habitants au km². Bien que l’économie du pays connaisse un taux de croissance de 5 à 6 % par an, les politiques gouvernementales en matière de développement et de régulation des naissances n’ont, jusqu’à présent, eu qu’un faible impact sur le niveau de vie moyen des Bangladais et sur la stabilisation démographique du pays, le Bangladesh demeurant un des pays les plus pauvres au monde.
Si les différentes campagnes de planning familial, comme « Garçon ou fille, deux enfants c’est assez », mises en place par le gouvernement au fil de ces dernières décennies n’ont pas réussi à contenir la croissance démographique, elles ont néanmoins permis de faire baisser le taux de fécondité (nombre d’enfants par femme en âge de procréer) de 6,4 en 1971, à 2,2 en 2015. Selon une étude du National Institute of Population Research and Training, réalisée en 2014, le pays continue toutefois de s’accroître de 253 habitants toutes les heures, soit de 2,2 millions d’habitants supplémentaires chaque année. Seule exception dans le paysage bangladais : la taille des familles chrétiennes, qui, depuis 20 ans, s’est globalement stabilisée, selon des sources officielles.
L’exception chrétienne
Au Bangladesh, pays musulman à 89 %, les chrétiens ne représentent qu’une petite minorité de 0,5 %, les quelque 350 000 catholiques représentant la majeure partie de la minorité chrétienne. Si, il y a plus de trente ans, les familles chrétiennes avaient en moyenne entre quatre et six enfants, aujourd’hui, elles n’en comptent globalement plus que deux par famille. Selon Rock Ronald Rozario, journaliste à Dacca, cette stabilisation à un niveau plutôt bas de la fécondité de la population chrétienne s’explique en partie par le fait que l’Eglise catholique a fortement encouragé les méthodes de régulation naturelles des naissances, afin d’éviter les grossesses non désirées. « D’autre part, les chrétiens bangladais sont en général plus instruits, avec un taux d’alphabétisation compris entre 70 et 80 %, quand la moyenne nationale plafonne vers les 60 % », explique-t-il. Souvent issues des classes moyennes, les familles chrétiennes tendent à vouloir maintenir une cellule familiale assez restreinte, afin d’être en mesure de financer une éducation scolaire à leurs enfants et de maintenir un certain niveau de vie matérielle. Cet argument économique se retrouve d’ailleurs chez toutes les classes moyennes bangladaises, pour qui « une petite famille est une famille heureuse », quelle que soit leur appartenance religieuse.
Selon Rock Rozario, l’amélioration du niveau d’instruction pourrait ainsi permettre de contribuer à contenir la croissance démographique (en 2014, le taux de croissance de la population était de 1,05 %). Au Bangladesh, si chaque année le taux de scolarisation à l’école primaire frôle les 100 %, le taux d’abandon scolaire reste très élevé : 30 % en primaire, 60 % au collège, avec seulement 5 % des élèves bangladais qui obtiennent un diplôme universitaire. « Afin d’améliorer le niveau d’instruction et l’accès régulier à l’éducation, le gouvernement devrait rendre l’école gratuite jusqu’à l’université », suggère-t-il. « De plus, s’il se dotait d’une véritable politique démographique, appuyée par des conseils d’experts, cela permettrait non seulement de stabiliser le boom démographique, mais également d’améliorer le niveau moyen d’instruction et de contribuer au développement du pays », a-t-il expliqué à l’agence Ucanews.
Selon les statistiques 2015 de la Banque mondiale, le Bangladesh ne fait désormais plus partie des pays ayant les revenus les plus bas au monde, mais a réussi à intégrer le classement des pays ayant un revenu « moyennement bas », grâce à l’industrialisation croissante de son économie – développement de briqueteries, chantiers navals, industrie textile – et de l’intensification de sa production agricole. Autre élément important qui contribue à élever le revenu moyen à l’intérieur du pays : les fonds transférés par la diaspora bangladaise, qui compte 10 millions de travailleurs expatriés et qui contribue à améliorer la vie des familles. Selon la Banque mondiale, le Bangladesh pourrait ainsi atteindre les critères de pays développés, à l’aube de 2041, soit 70 ans après son indépendance. S’il maintient son taux de croissance démographique actuel, le pays atteindrait alors les 190 millions d’habitants pour une superficie représentant moins de la moitié de la surface de l’Italie.
Source : Eglises d’Asie