Le préfet du Secrétariat pour l’Économie a été reconnu coupable d’agression sexuelle sur mineurs. Le verdict a été énoncé en décembre mais le tribunal de Melbourne avait émis une ordonnance interdisant la publication d’informations sur le procès. Le cardinal se déclare innocent, son avocat annonce son intention de faire appel.
George Pell, australien, préfet depuis 2014 du Secrétariat pour l’Économie du Vatican, a été reconnu coupable pour agression sexuelle sur deux mineurs âgés de 12 et 13 ans au moment des faits dans les années 1990 ; période au cours de laquelle il a d’abord été évêque auxiliaire de Melbourne, avant de devenir archevêque le 16 août 1996. Elevé à la dignité cardinalice en 2003, il est appelé par le Pape François en 2013 pour siéger au Conseil des Cardinaux, organisme chargé de conseiller le souverain pontife dans son ministère pétrinien. Il devient ensuite préfet du Secrétariat pour l’Économie, nouveau dicastère créée par le Pape François, en février 2014. George Pell quitte alors Sydney, dont il était l’archevêque depuis 2001, et s’installe à Rome.
C’est en 2015 que sa situation se complique. D’abord appelé à témoigner en 2014 devant la Commission Royale australienne chargée d’enquêter sur les abus sexuels, il se retrouve directement visé entre décembre 2015 et février 2016, accusé d’avoir protégé des abus perpétrés par d’autres prêtres sur des mineurs dans les années 70. Il s’exprime devant la commission en vidéoconférence depuis Rome le 29 février 2016 et se défend d’avoir eu connaissance des faits qui se sont déroulés dans le diocèse de Ballarat.
En octobre 2016, le cardinal est interrogé à Rome par des enquêteurs australiens, cette fois pour des accusations de pédophilie formulées dans son ancien diocèse de Melbourne. Fin juin 2017, il est formellement accusé d’agression sexuelle sur mineurs. La police de Ballarat ne donne alors que des informations partielles et parle de plusieurs plaignants sans donner d’autres détails.
Appelé à comparaitre le 26 juillet 2017, le cardinal Pell se met en congé du Secrétariat pour l’Économie afin d’assurer sa défense. Il affirme alors que les accusations portées contre lui sont infondées et rappelle qu’il considère les abus sexuels comme étant «des crimes horribles».
De fait, le haut prélat a régulièrement condamné avec sévérité les abus commis contre des mineurs, les qualifiants d’actes immoraux et intolérables. Il a également appuyé la création à Rome par le Pape François de la Commission Pontificale pour la protection des mineurs, et chez lui, en Australie, lorsqu’il était évêque, il avait mis en place des procédures pour la tutelle des mineurs et pour fournir une assistance aux victimes.
Peine prononcée ce mercredi
George Pell était visé par un autre procès pour d’autres faits présumés, mais l’accusation a renoncé aux poursuites, permettant la levée de l’ordonnance, qui imposait aux médias un silence sur la procédure judiciaire en cours. Le verdict unanime des douze membres du jury, émis le 11 décembre au terme de deux jours de délibérations, n’a donc pu être rendu public seulement le mardi 26 février. Il a été placé en détention ce mercredi 27 février, dans l’attente de l’audience du 13 mars dans laquelle la peine sera prononcée. Dans l’attente de cette audience, ses avocats ont renoncé à demander une libération sous caution.
Les avocats du prélat soulignent que des deux anciens servants d’autel qui, selon l’accusation, auraient été molestés par le cardinal, un seul a témoigné au procès, mais son identité a été tenue secrète par les enquêteurs. L’autre est décédé des suites d’une overdose en 2014. Quant au second procès dans lequel le cardinal Pell était impliqué, et qui n’aura pas lieu pour faute de preuves, il concernait d’autres accusations selon lesquelles le cardinal aurait abusé de garçons dans les années 70.
Le cardinal continue de clamer son innocence et son avocat a annoncé son intention de faire appel. Lors de ce recours, dont la date est à déterminer, le cardinal Pell ne sera pas entendu par un jury mais par un collège de trois magistrats. En clair, le dossier reste ouvert et le chapitre procédural ne sera complété qu’après examen du recours et l’annonce d’une décision.
La réaction de la Conférence épiscopale australienne
Le président des évêques australiens, Mgr Mark Coleridge, a déclaré que la condamnation du cardinal Pell pour agression sexuelle sur mineurs choquait non seulement l’Australie, et le monde, mais également les évêques australiens. Les prélats affirment que tous doivent être égaux devant la loi, et disent respecter le système juridique de leur pays. Ils se disent convaincus que la justice qui a prononcé le verdict saura prendre en considération l’appel formulé par la défense. «Notre espoir, maintenant, c’est que justice soit faite à travers ce procès» déclarent les évêques qui assurent aussi vouloir prier pour tous ceux ont subi des violences et pour leurs proches. Ils s’engagent à faire tout leur possible afin que l’Église soit un lieu sûr pour tout le monde, à commencer par les plus jeunes et les plus vulnérables.
Source : Vatican News