Dans son encyclique Redemptoris Mater dédiée à la Bienheureuse Vierge Marie, le pape Jean-Paul II a notamment écrit sur l’Assomption de la Sainte Vierge.
Voici le numéro 41 de ce texte qui parle de l’Assomption. Le pape y rappelle notamment le lien de l’Assomption avec la médiation unique du Christ dans le Salut:
41. Par sa médiation subordonnée à celle du Rédempteur, Marie contribue d’une manière spéciale à l’union de l’Eglise en pèlerinage sur la terre avec la réalité eschatologique et céleste de la communion des saints, puisqu’elle a déjà été «élevée au ciel». La vérité de l’Assomption, définie par Pie XII, est réaffirmée par le Concile Vatican II, qui exprime ainsi la foi de l’Eglise: «Enfin, la Vierge immaculée, préservée par Dieu de toute atteinte de la faute originelle, ayant accompli le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire du ciel, et exaltée par le Seigneur comme la Reine de l’univers, pour être ainsi plus entièrement conforme à son Fils, Seigneur des seigneurs (cf. Ap 19, 16), victorieux du péché et de la mort». Par cet enseignement, Pie XII se reliait à la Tradition, qui a trouvé de multiples expressions dans l’histoire de l’Eglise, tant en Orient qu’en Occident.
Par le mystère de l’Assomption au ciel se sont réalisés définitivement en Marie tous les effets de l’unique médiation du Christ, Rédempteur du monde et Seigneur ressuscité: «Tous revivront dans le Christ. Mais chacun à son rang: comme prémices, le Christ, ensuite ceux qui seront au Christ, lors de son Avènement» (1 Co 15, 22-23). Dans le mystère de l’Assomption s’exprime la foi de l’Eglise, selon laquelle Marie est «unie par un lien étroit et indissoluble» au Christ, car si, en tant que mère et vierge, elle lui était unie de façon singulière lors de sa première venue, par sa continuelle coopération avec lui elle le sera aussi dans l’attente de la seconde venue; «rachetée de façon suréminente en considération des mérites de son Fils», elle a aussi ce rôle, propre à la Mère, de médiatrice de la clémence lors de la venue définitive, lorsque tous ceux qui sont au Christ revivront et que «le dernier ennemi détruit sera la Mort» (1 Co 15, 26).
A cette exaltation de la «fille de Sion par excellence» dans son Assomption au ciel est lié le mystère de sa gloire éternelle. La Mère du Christ est en effet glorifiée comme «Reine de l’univers». Celle qui s’est déclarée «servante du Seigneur» à l’Annonciation est restée, durant toute sa vie terrestre, fidèle à ce que ce nom exprime, se confirmant ainsi véritable «disciple» du Christ, qui avait fortement souligné le caractère de service de sa mission: le Fils de l’homme «n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude» (Mt 20, 28). C’est pourquoi Marie est devenue la première de ceux qui, «servant le Christ également dans les autres, conduisent leurs frères, dans l’humilité et la patience, jusqu’au Roi dont on peut dire que le servir, c’est régner», et elle a pleinement atteint cet «état de liberté royale» qui est propre aux disciples du Christ: servir, ce qui veut dire régner!
«Le Christ, s’étant fait obéissant jusqu’à la mort et pour cela même ayant été exalté par le Père (cf. Ph 2, 8-9), est entré dans la gloire de son royaume; à lui, tout est soumis, en attendant que lui-même se soumette à son Père avec toute la création, afin que Dieu soit tout en tous (cf. 1 Co 15, 27-28)». Marie, servante du Seigneur, a sa part dans ce Royaume de son Fils. La gloire de servir ne cesse d’être son exaltation royale: montée au ciel, elle ne suspend pas son rôle salvifique dans lequel s’exprime la médiation maternelle «jusqu’à la consommation définitive de tous les élus». Ainsi, celle qui, sur terre, «garda fidèlement l’union avec son Fils jusqu’à la Croix» continue à lui être unie, alors que désormais «tout est soumis à lui, en attendant que lui-même se soumette à son Père avec toute la création». Et ainsi, dans son assomption au ciel, Marie est comme enveloppée dans toute la réalité de la communion des saints, et son union même à son Fils dans la gloire est toute tendue vers la plénitude définitive du Royaume, lorsque «Dieu sera tout en tous».
Même à ce stade, la médiation maternelle de Marie ne cesse d’être subordonnée à celui qui est l’unique Médiateur, jusqu’à la réalisation définitive «de la plénitude du temps», c’est-à-dire jusqu’à «la récapitulation de toutes choses dans le Christ» (cf. Ep 1, 10).