Edito #50 – Amoris Laetita, défiance, prudence ou confiance ?

Edito #50 – Amoris Laetita, défiance, prudence ou confiance ?

Tsunami ou tempête dans un bénitier ? Tsunami si Amoris laetitia change l’indissolubilité du mariage érigé en dogme par le concile de Trente, tempête dans un bénitier, si ce n’est qu’une note de bas de page, d’une simple exhortation apostolique qui n’est au fond que le résumé d’une suite de réunions que le pape a présidées. Une forte déférence vis-à-vis de la fonction pontificale a fondu ces dernières décennies l’ensemble des paroles des papes en une seule et même infaillibilité. Ce qui est une erreur profonde, car les documents issus du magistère n’ont pas le même degré d’autorité. Un dogme défini par un Concile se place bien au-dessus d’une exhortation apostolique et même d’une encyclique qui, elle, exprime la pensée du pontife en tant que successeur de Pierre. Aussi très clairement, sur le fond Amoris laetita ne peut rien changer théologiquement à la question des divorcés remariés, même si elle devait être truffée d’erreurs comme l’affirment certains commentateurs. Ainsi donc, il conviendrait ici d’être plutôt confiant.

En revanche, la pastorale, c’est-à-dire la manière avec laquelle ces dogmes sont vécus et annoncés dans un temps donné, par les fidèles, elle, n’est pas figée dans le marbre. C’est ce que le pape souhaitait dire dans son message, comme dans nombre de ses prises de paroles, parfois tonitruantes. Jusque-là, tout en restant dans la confiance, il nous faut demeurer prudents. Car il ne s’agirait pas de modifier l’annonce du dogme sous couvert de pastorale. Et c’est là que se situe l’immense brèche dans laquelle semblent s’engouffrer certains fidèles, prêtres, diacres et évêques. Comme pour le Concile Vatican II, alors que les textes n’étaient pas même signés par Paul VI, un tsunami moderniste a imposé sa vision de l’Église et de la foi donnant corps à un « pseudo-Vatican II », souvent bien loin de l’idée des pères conciliaires. Dans un ouvrage, intitulé le Rhin se jette dans le Tibre, on apprend avec consternation les manœuvres de cette même frange moderniste pour saper les fondements même de la foi catholique. Le Rhin n’ayant pu se déverser dans le Tibre, il s’est alors mis à inonder le monde d’un raz-de-marée pseudo-conciliaire. Nous retrouvons dans les travaux synodaux sur la famille les mêmes tiraillements. Il suffit pour cela de relire l’effervescence médiatique autour des deux sessions synodales pour en prendre la mesure. Pareillement, nous trouvons une interprétation forcée d’Amoris laetita dans toute une partie du clergé et des fidèles, parfois consciemment, parfois de bonne foi. De sorte que d’une simple note de bas de page d’un document d’autorité plus que relative, on en vient à remettre en cause un dogme. Et là nous passons à la défiance. Une défiance d’autant plus accrue qu’il est vrai que le texte même laisse planer des doutes. Doutes exacerbés par les récupérations idéologiques en tout genre et que quatre cardinaux ont souhaité lever et bien d’autres théologiens à leur suite.

Plus que le contenu du texte qui ne peut rien changer au dogme et à la discipline ecclésiastique en ce qui concerne tant l’indissolubilité du mariage que la communion des « divorcés » « remariés », c’est le silence du Saint-Père qui tarde à dire officiellement cette évidence : Amoris Laetita n’a pas le pouvoir de changer le dogme et la discipline ecclésiastique. Pourtant, sans plus d’explication, le Saint-Père lui-même a affirmé que quelque chose avait changé tout en déclarant ne pas se souvenir de la note 351 qui pose problème. De là un fleuve littéraire, des exaspérations qui s’échauffent et des dérapages de plus en plus grands dans la pratique pastorale, pourtant pas vraiment encore définie. Nous vous proposons ici, un petit dossier spécial Amoris Laetita pour ceux qui voudraient aller plus loin. Dossier qui ne peut être exhaustif compte tenu de la constellation littéraire que ce chapitre 8 a suscité.

Nous voyons, légitimement, apparaître, dans tous les diocèses, des formations, des débats proposés autour d’Amoris laetita. Pour les évidentes raisons de confusions que nous venons d’évoquer, nous n’en avons jusqu’ici annoncé aucun. Ponctuellement, nous le ferons sans doute désormais, assortis toutefois d’un double appel à la confiance dans le Magistère supérieur de l’Eglise et sa tradition et à la prudence quant à toute interprétation d’Amoris laetita qui irait contre ce magistère intangible de l’Eglise Catholique.

Retrouver notre lettre d’actualité complète à partir de ce lien :
Edito #50 – Amoris Laetita, défiance, prudence ou confiance ?

Voir les archives de nos synthèses hebdomadaire :

[wysija_archive list_id=”8″]

Articles liés

Partages